Enseignement supérieur au Mali : l’habilitation des universités privées sous la loupe
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Enseignement supérieur au Mali : l’habilitation des universités privées sous la loupe

Après la publication d’une liste des programmes de formation accrédités dans certains établissements privés d’enseignement supérieur, la question de l’habilitation des universités privées a de nouveau fait surface. Comment fonctionne l’habilitation ?

Depuis la libéralisation de l’enseignement supérieur au cours des deux dernières décennies, on assiste à une étonnante prolifération des universités privées au Mali. Il faut reconnaitre que ces nombreuses universités viennent répondre à un besoin croissant en matière d’éducation, car le secteur public est arrivé à saturation. Selon le dernier rapport de synthèse sur l’état généraux de l’éducation, les effectifs d’étudiants au Mali ont connu un taux de croissance de 4,75 % entre 2019 et 2020 (88 368 étudiants dont 31 186 filles/femmes), de 20,53 % entre 2020 et 2021 (106 512 étudiants avec 38 560 filles/femmes) et de 38,82 % entre 2021 et 2022 (147 855 étudiants dont 56 157 filles/femmes).

Par contre, cette augmentation rapide du nombre d’universités privées soulève des questions concernant la qualité de l’enseignement qu’elles dispensent dans leur établissement.

L’habilitation des universités privées est un processus par lequel l’État malien, à travers le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, autorise une institution à délivrer des diplômes reconnus. Ce processus vise à s’assurer que les établissements respectent des critères académiques et infrastructurels, garantissant ainsi que les étudiants reçoivent une formation de qualité.

Qu’en est-il de la liste qui circule ?

Pour répondre à cette question, nous avons contacté le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Scientifique. Chargé de mission, Drissa Kontao a fourni quelques éléments de réponses : « Le document, qui circule sur les réseaux sociaux, prend en compte les structures qui ont fait une demande d’habilitation récemment. Beaucoup d’écoles ont déjà leur habilitation en cours de validité et ne figurent donc pas sur cette nouvelle liste, elles n’ont pas besoin de faire une nouvelle demande », explique-t-il. « La liste que vous avez vue concerne seulement quelques structures qui étaient dans le besoin de faire une demande pour quelques filières de formation. »

Kontao a également fait comprendre que tous les établissements doivent obligatoirement faire une demande d’habilitation chaque quatre années et pour chaque filière qu’ils enseignent. Ainsi, si une université a son habilitation du master en cours, elle ne va pas faire de nouvelle demande avant expiration de celle-ci.

En ce qui concerne les établissements qui n’ont pas une habilitation valide, « ces écoles vont former des étudiants qui n’auront pas de diplôme valable, donc pas reconnu par l’Etat. », précise M. Kontao.

Conditions d’éligibilité

Selon Drissa Kontao, pour être éligibles, des conditions suivantes doivent être remplies par les institutions publiques et les établissements privés d’enseignement supérieur. L’établissement doit, tout d’abord, posséder un acte de création de l’IES ou de l’EPES (arrêté, décret, ordonnance, loi). Ensuite, il doit détenir une autorisation d’ouverture des programmes concernés (arrêté, délibération du Conseil d’Université ou du Conseil d’Administration). Et, pour finir, il doit avoir au moins une promotion de diplômés sur le marché de l’emploi (PV de délibération d’admission définitive ou tout autre document pertinent).

« Il est important de noter que seuls les programmes ayant été évalués avec un avis favorable du conseil scientifique de l’ Agence malienne d’assurance qualité de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (AMAQ-SUP) reçoivent l’habilitation du ministère. Ceci passe par la Direction générale de l’enseignement supérieur et la recherche scientifique (DGESRS) pour élaborer le projet d’arrêté d’habilitation (sur la base des résultats de l’évaluation) », souligne Drissa Kontao.

L’habilitation des universités privées au Mali est une question capitale dans la quête de qualité et d’accessibilité de l’enseignement supérieur. Si ces établissements jouent un rôle clé dans l’offre éducative du pays, leur régulation nécessite des améliorations pour garantir que chaque étudiant reçoive une formation reconnue et adaptée aux réalités du marché du travail. Les autorités maliennes doivent continuer à renforcer le cadre réglementaire tout en soutenant les institutions qui respectent les normes et contribuent au développement de l’éducation au Mali.

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