La Covid-19 a entraîné un recul de la vaccination de routine des enfants. Le Mali ne fait pas exception.
Cet article a d’abord été publié par le site www.maliweb.net.
La Covid-19 a fortement perturbé les fréquentations des services de santé pour les vaccinations de routine au Mali. Selon de récentes données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), la pandémie a entraîné un recul majeur de la vaccination des enfants contre les autres maladies.
Dans un communiqué conjoint, publié le 15 juillet 2021, les deux institutions indiquent que « 23 millions d’enfants n’ont pas reçu les vaccins infantiles de base dans le cadre des services de santé de routine en 2020, soit le chiffre le plus élevé depuis 2009 et 3,7 millions de plus qu’en 2019. ». Selon le chef de la logistique et de l’approvisionnement en vaccination à la Direction générale de la santé et de l’hygiène publique, Dr Fatogoma Togola, la Covid-19 a perturbé la fréquentation des centres et les vaccinations de routine des enfants au Mali. A ses dires, le taux des vaccinations de routine était nettement plus en hausse en 2019 – 2020 qu’en 2020-2021.
Peur des populations
« Bien que n’ayant pas mené d’enquête sur l’impact de la pandémie sur les vaccinations chez les enfants, en nous basant sur nos stocks le constat est que, comparativement aux années d’avant la pandémie, nous nous sommes retrouvés avec plus de vaccins contre la variole, la rougeole, le BCG, la poliomyélite qu’en 2019 », explique le responsable de l’approvisionnement en vaccination.
Pour le docteur Fatogoma Togola, la baisse de la fréquentation de leur service pourrait s’expliquer par l’apparition de la Covid-19 et la peur qu’elle a suscité au sein des populations. Une peur dictée par des informations erronées sur la maladie. « Vous savez, beaucoup de rumeurs ont circulé autour des vaccins et la Covid-19. Ainsi, les mères avaient déserté nos services et les centres de santé en général. La distanciation sociale imposée par les mesures barrières incommodait certaines. Et d’autres pensaient qu’elles risquaient d’être contaminées en fréquentant les services sanitaires », explique -t-il.
Toutefois, le chef de la logistique et de l’approvisionnement en vaccination à la Direction générale de la santé et de l’hygiène publique assure que la chaîne de distribution, quant à elle, n’a souffert d’aucune perturbation. Il soutient que tous les vaccins étaient disponibles à leur niveau. Et qu’ils ont assuré l’alimentation habituelle des centres de santé et des dépôts intermédiaires.
La psychose développée autour de la maladie avait poussé les femmes et les enfants à abandonner les séances de vaccination de routine. « Les vaccins sont très souvent administrés lors des séances de causerie-débat. Les femmes y reçoivent beaucoup d’informations sur les vaccins et leur importance sur la santé de l’enfant. Et les dispositifs sanitaires imposés par la Covid-19 (lavage des mains, port du masque et la distanciation sociale) ont été trouvés contraignants pour plus d’une. D’où leur faible participation régulière aux séances », déclare le chef de la logistique et de l’approvisionnement en vaccination à la Direction générale de la santé et de l’hygiène publique.
Séquelles dévastatrices
Cependant, il maintient que grâce aux différentes campagnes de sensibilisation et de communication menées par la Direction régionale de la santé, en partenariat avec le Centre national d’information, d’éducation et de communication pour la santé (Cniecs), les parents ont vite repris conscience de l’importance du suivi vaccinal des enfants.
« Les séances enregistrent de plus en plus de monde depuis un certain temps, se réjouit-il. Les sensibilisations ont porté fruit, les populations ont compris que hormis la Covid-19, il existe d’autres maladies dont il faut se préserver. Tout comme elles ont compris l’importance de la vaccination chez les enfants et les femmes enceintes. » En effet, la vaccination permet d’éviter des décès d’enfants et les maladies infantiles courantes. La vaccination de routine permet d’éliminer et d’éradiquer certaines maladies aux séquelles dévastatrices.
« J’ai accouché en pleine Covid-19. J’avoue que je n’ai pas trop hésité à suivre les rendez-vous pour faire vacciner mon enfant. Je savais qu’il y allait de la santé de mon bébé », témoigne Habibatou Maïga, informaticienne. A l’opposé, la plupart des mères contactées soutiennent qu’elles avaient préféré déserter les services de santé, notamment les structures publiques par peur de se faire contaminer.
Les vaccinations de routine concernent : la tuberculose, la poliomyélite, la coqueluche, la diphtérie, le tétanos, la fièvre jaune, la rougeole, l’hémophilie influenzae B et l’hépatite B. Les vaccinations supplémentaires, effectuées lors des campagnes de vaccination, sont la rougeole, la fièvre jaune, le tétanos, la poliomyélite, etc.
Le Calendrier vaccinal
Enfants de 0 à 11 Mois Enfants de 0 à 11 Mois
Âges Antigènes
Naissance BCG+ Polio 0
6Semaines Penta 1+Polio 1
10 Semaines Penta 2+Polio 2
14 Semaines Penta 3+Polio 3
9 à 11Mois Rougeole+ fièvre jaune
- Cet article a été publié avec le soutien de JDH journalisme pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada.