Abou Bakr Al-Baghdadi est tombé cette fois-ci. Le Président américain, Donald Trump, jubile et s’en bombe le torse. Il faut le reconnaître, le butin n’est pas mince, puisque le chef djihadiste avait pu jusqu’ici échapper aux radars de la plus grande armée au monde.
Mais il est un truisme ayant son importance pour la nébuleuse sahélienne qui lui a prêté allégeance : ce n’est pas la mort du cruel salafiste irakien qui a sonné le glas pour l’EI, mais plutôt la déconfiture de l’EI qui a perdu Al-Baghdadi. Excroissance depuis 2015 d’Almourabitoune, l’EIGS ( État islamique dans le grand Sahara), lui, monte en puissance. Depuis trois ans, il sévit avec une rare cruauté au Burkina Faso, au Niger et au Mali, ciblant des militaires comme des civils, en particulier des chrétiens comme au Burkina Faso.
La mort d’Al-Baghdadi ne peut donc être indifférente à ses émules sahéliens que sont Abou Walid Al-Sahraoui et Abdoul Hakim. Mais y a-t-il jamais eu un lien organique entre Rakka, la capitale détruite de l’EI, et Ménaka, l’une des bases de l’EIGS ? Rakka a-t-elle jamais été la maison-mère et Ménaka une succursale ? Nul ne peut vraiment l’affirmer. Même si la proximité de la Libye, qui fut un temps une place forte de l’EI, l’a laissé penser. Et même si la propagande locale a prêté à Al-Baghdadi d’être venu plus d’une fois passer ses troupes sahéliennes en revue. En vérité, leur cohabitation jusque-là paisible suggère qu’au Sahel AQMI (Al-Qaeda au Maghreb islamique) et État islamique relève, sinon d’un gentlemen agreement, du moins d’une logique de marquage du territoire. L’onde de choc syrienne qui vient de frapper l’EI est un peu trop loin du Sahel. Hélas !