Le mercredi 1er août 2018, trois jours après le premier tour de la présidentielle, le gouverneur du district de Bamako a ordonné la fermeture de la radio Renouveau FM. Il accusait le chroniqueur Ras Bath d’y avoir tenu des propos d’incitation à la haine et à la révolte dans son émission Carte sur table. Cette décision relève de l’abus de pouvoir, puisque le gouverneur n’a pas droit de fermer une radio, écrit le blogueur Aliou Diallokei.
“Les textes sont clairs, le gouverneur n’a pas à jouer les régulateurs et n’a pas autorité pour fermer un média… Les autorités doivent ordonner la réouverture immédiate de cette radio, en attendant qu’une décision soit prise sur le fond par l’organe de régulation compétent”. C’est ainsi qu’a réagi Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de Reporters Sans Frontières, à la fermeture de la radio Renouveau FM.
En effet, il est important de savoir qu’au Mali, seule la HAC (Haute autorité de la communication) est habilitée à fermer une station radio ou télé, et on ne peut pas l’accuser d’être complaisante envers les medias. On l’a vu à l’œuvre avec les chaînes de télévision et radio privées qui n’étaient pas en règle il y a un an de cela.
Le fait que le gouverneur a dû contourner la HAC me fait penser que c’est une décision politique et non professionnelle. Ras Bath a dit des choses qui ne plaisent pas au pouvoir, et celui-ci a décidé de punir toute la radio pour empêcher les autres medias de trop critiquer un processus électoral qui ne rassure pas tout le monde.
Et même en supposant que le prétexte ayant servi à boucler cette radio soit vrai, les autorités auraient dû interdire l’émission de Ras Bath et laisser la radio Renouveau FM continuer à diffuser ses autres programmes qui sont très riches et variés. La décision de fermer la radio est donc disproportionnée.
Des dizaines de familles privées de pain
Un gouvernement d’un pays pauvre comme le nôtre doit avoir comme première préoccupation la création et la protection des emplois pour ses citoyens. Or la fermeture de cette radio met d’office au chômage des dizaines de chefs de familles. En moyenne, un chef de famille sous nos tropiques a la charge d’au moins 5 personnes, souvent plus. Mais si la mesure avait été prise de façon intelligente, seul Ras Bath, l’auteur des propos incriminés, aurait été atteint. Nos dirigeants devraient prendre en considération cette réalité s’ils aiment vraiment le Mali.
Que le gouvernement respecte la loi
Si nos autorités veulent être respectées, ils doivent donner l’exemple et respecter la loi qu’ils sont censés protéger. S’ils estiment que l’émission Carte sur table est un danger pour la stabilité du pays, qu’ils saisissent la HAC, et qu’ils la laissent faire son travail. Sinon, si chaque autorité se permet de fermer un média qui ne lui plaît pas, le Mali deviendra une dictature. Nous devons tout faire pour ne pas en arriver là.