La région de Kayes dispose désormais de deux centres de prise en charge de violences basées sur le genre (VBG). Une lueur d’espoir pour les défenseurs locaux des droits humains et les victimes.
« L’’objectif de l’opérationnalisation du One Stop Centre est de mieux appréhender les difficultés des victimes afin de leur apporter des solutions efficaces », explique Mme Diallo Fatoumata Sangaré, coordinatrice de l’Association malienne pour le suivi et l’orientation des pratiques traditionnelles (AMSOPT), basée à Kayes. La première région administrative du Mali vient de bénéficier de deux centres de prise en charge holistique des VBG. L’un est implanté à l’hôpital Fousseyni Daou de Kayes, l’autre dans le cercle de Diéma.
Selon des statistiques de l’AMSOPT, consultées par Benbere, sur la période 2019-2020 plus de 200 cas de violences ont été répertoriés dans les cercles de Yélimané, Diéma et Kayes. Il s’agit d’agression sexuelle, d’excision, de mariage forcé, entre autres. Dans la région de Kayes, les violences basées sur le genre sont assimilées souvent à des pratiques ancestrales ou religieuses, rendant difficile le combat des ONG sur le terrain.
Un centre à multiples avantages
Le « One Stop Centre », qui vient d’ouvrir ses portes aux populations de la région, présente de multiples avantages. C’est à la fois un centre d’écoute et d’accueil des victimes ou survivantes des VBG. Il assure gratuitement la prise en charge psychologique et sanitaire, en toute confidentialité. « Toutes les victimes que nous recevons, leur prise en charge est faite dans la confidentialité. C’est un aspect important pour rassurer les victimes », encourage la coordinatrice locale de l’AMSOPT.
Récemment, un consortium de trois associations a initié des activités de sensibilisation et de plaidoyer auprès des autorités administratives, politiques, coutumières, religieuses et des associations de la société civile afin que tous les acteurs puissent s’impliquer davantage dans cette lutte. Ce qui constitue une avancée importante pour l’éradication des VBG dans la région de Kayes.
Adoption d’une loi anti-VBG
Par ailleurs, au commissariat de police du 1er arrondissement de Kayes, un bureau dédié spécifiquement aux cas de VBG a été mis en place. Dans plusieurs structures sécuritaires, des responsables sont détachés pour s’occuper des questions de VBG et encourager les victimes à dénoncer, en toute sécurité, les violences qu’elles subissent.
Pour renforcer les dispositifs actuels de lutte, il urge de faire adopter une loi spécifique criminalisant les VBG. Si elle est votée et appliquée dans toute sa rigueur, les victimes qui sont souvent stigmatisées dans leurs familles ou communautés pourront avoir le courage de dénoncer leurs bourreaux, et aboutir à des procès en justice.
Cependant, force est de reconnaître que la plupart des actions intentées en justice connaissent peu de succès à cause du retrait des plaintes sous la pression familiale ou de leaders communautaires.
Mobilisation internationale
Lors de sa visite à Kayes, le 29 avril 2021, M’Baranga Gasarabwe, représentante spéciale adjointe du Secrétaire général de l’ONU pour la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation du Mali (Minusma), a appelé à des actions pour mieux assister les victimes. La coordinatrice humanitaire, également coordinatrice résidente du système des Nations unies au Mali, a promu son appui personnel après avoir rencontré une victime de viol âgée de 12 ans.
« Cette petite fille, qui a l’âge des nôtres, doit être accompagnée car elle a droit à la vie et à l’éducation. Je m’engage personnellement à suivre son cas », a-t-elle assuré, avant d’exhorter à une mobilisation internationale contre les VBG au Mali.