Libre circulation des personnes atteintes de troubles psychotiques à Bamako, et si on en parlait ?
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Libre circulation des personnes atteintes de troubles psychotiques à Bamako, et si on en parlait ?

Pour le blogueur Lamissa Diarra, les personnes souffrant de troubles psychotiques doivent être hospitalisées et traitées dans des services de psychiatrie. 

Bagages vissés sur la tête ou tenus sous les bras, soliloquant et balançant frénétiquement pieds et bras, on les rencontre partout dans la ville. En pleine circulation, aux abords de nos routes, dans les marchés, dans les espaces publics, auprès des services publics, à proximité des écoles…

Des personnes souffrant de troubles mentaux vivent désormais en grand nombre parmi nous, dans le silence parfois. Elles regroupent divers types de profils de souffrance qui diffèrent selon les caractéristiques et le degré d’atteinte mentale. Et quand arrive le mauvais moment, elles font des dégâts. Les personnes atteintes de troubles psychotiques, loin des services de psychiatrie, vivent désormais auprès de nous.

Hors des services de psychiatrie

Au Mali, il n’existe pas de données sur la prévalence des troubles mentaux dans la population générale. Seuls les résultats d’une étude de recherche menée dans le service de psychiatrie du Centre hospitalier universitaire Point G nous ont permis d’accéder à quelques éléments d’information.

Selon l’étude, sur 1105 dossiers de personnes hospitalisées pour trouble psychiatrique entre janvier 2014 et décembre 2018, les troubles liés à l’utilisation de la drogue étaient présents chez 42, 9%, dont pour cause de tabac (32,6%), de cannabis (26,0%) et/ou d’alcool (15,6%). Il est à noter que les causes des troubles sont multifactorielles. De plus, la question de la consanguinité reste délicate, et on ne sait pas s’il est question de troubles intellectuels ou mentaux.

L’agressivité était le motif de consultation le plus fréquent (44,5% des cas). Il est difficile de parcourir un trajet sans en rencontrer trois, cinq ou dix aux abords de certaines routes. Elles semblent nombreuses hors des services de psychiatrie.

Avec tous les risques de survenance de potentiels actes d’agression et de surprises à tout moment, certaines personnes atteintes de troubles psychotiques vivent quand bien même à nos côtés. Des cas isolés, peut-être, ayant causé des torts à certains, méritent d’alerter quant à la problématique de leur libre circulation au sein de la population.

Moussa Singaré, chauffeur de sotrama sur la route de Kalaban-coro, a commis un accident de la circulation il y a quelques mois de cela : « En pleine circulation, alors que la voie était libre, je conduisais tranquillement avant qu’un jeune homme criant partout, en plein délire, s’engage subitement sur la voie en allant et revenant dans les deux sens. » Moussa, en voulant l’éviter, a malheureusement cogné un motocycliste, mettant ainsi l’homme dans une situation regrettable.

Hospitaliser et traiter

Oumou Coulibaly, restauratrice dans le quartier de Baco-Djicoroni, raconte elle aussi son cas. En pleine vente, et dans un moment d’inattention, un malade errant, habitué du coin, s’est précipité vers sa table en se saisissant de son portefeuille et en prenant la fuite. Dans ce geste, il a également fait renverser l’assiette sur laquelle elle avait étalé les pâtes et frites qu’elle vendait.

Dans la course-poursuite lancée par quelques jeunes aux abords de la route, le malade, dans son élan, a percuté deux jeunes élèves qui revenaient de l’école. Finalement saisi, le portefeuille a été récupéré de ses mains non sans peines, avec de l’autre côté deux enfants blessés au bras et au pied et une assiette renversée par terre.

C’est bien l’occasion de porter une réflexion sur la problématique de la libre circulation des personnes souffrant de troubles psychotiques dans nos espaces publics. Elles doivent être hospitalisées et traitées dans des services psychiatriques.

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