Sois toujours à l’écoute, aie de l’attention pour ta femme et n’hésite pas à la soutenir et à l’aider aussi bien dans votre foyer qu’en dehors, écrit une mère à son fils, sous la plume de la blogueuse Salimata Traoré
Cher Amar,
Ou dirais-je Jojo, un nom que ton père et moi t’avions affectueusement donné.
Tu sais, ton père et moi sommes passés par des hauts et bas, avant que nous nous comprenions. Il y a 25 ans de cela, à mes 22 ans, nous nous sommes mariés. Après les festivités, quand nous avons aménagé ensemble, ton père m’a dit : « Écoute Kadi, maintenant que tu es mariée, je ne veux plus t’entendre dire que tu es féministe, je ne veux plus que tu te montres dans de tels combats. Notre société à un mauvais œil sur ce genre de concept. Contente-toi de ton boulot. » Jojo, ce jour-là, j’ai été brisée en mille morceaux. Mais ce qui était sûr, c’est que je n’allais pas mettre fin à mon combat.
Ce que ton père ignorait, c’est que je menais ce combat pour lui, pour moi, pour toi, pour tes sœurs, Mira et Noura, pour vos enfants, etc. Je voulais un monde juste, où la sélection se fait en fonction des compétences acquises et non par rapport au genre.
Un combat à mon rythme
Mon fils, je n’ai pas voulu procéder par la confrontation. J’ai mené mon combat à mon rythme en attendant que nous ayons des enfants. Dieu faisant bien les choses, un an après, je donnais naissance à ta grande sœur, Mira. Ton père l’adorait tellement : il n’avait d’yeux que pour elle.
Un soir, je suis rentrée du travail et j’ai trouvé ton père et Mira au salon en train de jouer. Je me suis approchée d’eux et j’ai interpellé ton père : « Aye Kougné (« mon mari » en sonrhaï) dis-moi, tu aimerais que Mira fasse de longues études ? » Il me répondit : « Oui, bien sûr aye wondé (« ma femme » en sonrhaï). Je vais vraiment investir dans son éducation, je veux qu’elle soit une grande intellectuelle ! ». Je lui ai alors dit : « Aimerais-tu qu’on la prive d’occuper certains postes ou que son mari l’empêche de travailler ? »
Un esprit de justice
Jo, ton père est resté silencieux pendant cinq bonnes minutes tout en regardant Mira. Il s’approcha d’elle et la serra très fort contre lui avec des larmes aux yeux. « Aye wondé, toutes les personnes les plus importantes de ma vie sont des femmes et le pire est que je me suis plus préoccupé de ce que peut penser la société qu’à ce que peuvent ressentir celles qui font mon bonheur au quotidien. J’en suis désolé », me répondit-il. « Désormais, non seulement je te soutiendrai dans ton combat, mais j’y participerai également. Nous allons éduquer nos enfants, aussi bien filles que garçons, avec cet esprit de justice », a-t-il ajouté.
Grâce à la communication, l’écoute, l’amour et l’attention, nous nous sommes compris et jusqu’à présent nos idées convergent. Il est moi au masculin et je suis lui au féminin.
Sois un mari et un père attentionné
Tes sœurs et toi avez été éduqués dans cet esprit-là. Vous avez eu à faire ce que vous aimez et à faire vos propres choix. Ton père et moi t’avons montré que toi et tes sœurs vous vous complétez. Quand Mira et Noura m’aidaient dans la cuisine, pendant ce temps papa et toi mettaient la table. Cette complémentarité était tellement devenue notre quotidien que, quand les filles étaient occupées, tu n’hésitais pas à venir m’aider en cuisine.
Mon chéri, à partir d’aujourd’hui, tu ne vivras plus avec tes sœurs ou tes parents, mais avec ta tendre épouse Fanta. Et lors de cette vie à deux, je veux que tu restes ce bon fils que nous avons éduqué. Sois à l’écoute, aie de l’attention pour Fanta, communiquez beaucoup entre vous. Aie toujours cet esprit de complémentarité, n’hésite pas à la soutenir et à l’aider aussi bien dans votre foyer qu’en dehors.
Amar, sois un père présent, un père qui prête attention à ses enfants et participe à leur éducation. Car c’est toujours cette complémentarité qui fait une bonne éducation…
Je ne te souhaite que du bonheur et beaucoup d’amour mon fils. Que Dieu te protège.
Cordialement, ta maman qui t’aime.
C’est peut etre idealiste (pour l’enfant malinke que je suis…) Mais je ne peux qu’admirer Cette famille en me disant qu’il faut partager avec les jeunes autour de nous.
Une femme dévoué pour la réussite d’un d’elle. Que du vent pour lui, car un foyer, c’est une aventure éternelle.