« Il neige sur Kidal » : un spectacle hommage aux journalistes assassinés
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« Il neige sur Kidal » : un spectacle hommage aux journalistes assassinés

Le vendredi 28 février 2020, la pièce de théâtre Il neige sur Kidal (La Sahélienne, 2020) de Sirafily Diango a été jouée à l’Institut français du Mali, à Bamako. La mise en scène a été assurée par Lévis Togo. La pièce rend hommage aux journalistes assassinés au Mali.

Constitué de trois scènes et adaptation de la pièce de théâtre Il pleut sur Kidal (La Sahélienne, 2020), le spectacle part d’une situation calme : une réunion chez le chef Simbo Waraba. Mais la tranquillité des lieux est vite troublée : en pleine réunion avec toutes les communautés, un homme arrive de Kidal et lance : « Chef, il neige sur Kidal. » Le chef, Simbo Waraba, le prend pour un fou parce que Kidal est un endroit où il ne neige pas.

L’homme poursuit : « La fumée des canons à Kidal est blanche comme neige. » Alors, tout devient assez clair dans la tête du chef : la ville de Kidal brûle et il faut la sauver.

Un combat pour les journalistes assassinés

Dernier volet d’une trilogie-Il pleut sur le Nord (La Sahélienne, 2013), Il pleut sur le Sud (La Sahélienne, 2020)- sur la crise que le Mali traverse depuis 2012, la pièce dénonce l’occupation du Nord par les groupes séparatistes et djihadistes, l’inertie du gouvernement et surtout les assassinats de journalistes, notamment Ghislaine Dupont et Claude Verlon.

Au milieu du spectacle, des extraits radiophoniques sont diffusés. Un extrait porte sur l’assassinat à Kidal de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, le 2 novembre 2013 alors qu’ils effectuaient pour RFI un reportage sur la crise dans le Nord et la réconciliation. « Il neige tellement sur Kidal que les journalistes venus du pays de la neige ont froid », laisse Tourinté Homokom (personnage miraculé venu de Kidal pour informer le chef Simbo Waraba) et dont le rôle est interprété par Sirafily Diango. Il y est aussi question de la disparition, depuis le 26 janvier 2016, de Birama Touré, journaliste de l’hebdomadaire Le Sphinx.

« Les journalistes continuent à mourir »

Pour le dramaturge Sirafily Diango, il est important de rappeler que les hommes de medias doivent pouvoir informer dans la tranquillité. « Leur protection est capitale. Cette pièce parle d’autres problèmes, mais je rends surtout hommage à ceux-là et je pense que justice doit leur être rendue », confie-t-il.

Dans le spectacle, il fredonne d’ailleurs le début de la chanson Journaliste en danger d’Apha Blondy. Les paroles de la chanson « Au clair de la lune, mon ami Zongo », inspirées de la célèbre chanson populaire française Au clair de la lune, rendaient hommage à Norbert Zongo, célèbre journaliste burkinabè assassiné en 1998. « On parle de liberté de la presse, mais les journalistes continuent à mourir. Ce n’est pas normal. A travers cette pièce, nous disons que ça doit s’arrêter », explique Lévis Togo.

Au regard des attaques qui continuent au Nord, le chef Simbo Waraba crie : « Plus jamais ça ! ». Cette résolution qui a précédé la fermeture du rideau est, selon Sirafily Diango, l’appel-maitre de la pièce : amener les gouvernants à prendre des résolutions fermes afin que la sortie de crise au Mali soit effective. De l’humour, de la dénonciation, du jeu d’acteur, tout est réuni pour donner à cette pièce une couleur particulière.

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