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La non-transparence encourage les « fake news »

Dans une situation post électorale tendue comme la nôtre, une rumeur peut être source d’une profonde crise. Or, si les autorités continuent de cacher les vraies informations sur les affaires sensibles, ce sont les rumeurs qui prendront le dessus, écrit le blogueur Malize.

Dans la journée du 28 août 2018, un communiqué portant la signature du ministère de la Sécurité et de la Protection civile faisant état de l’interpellation des dénommés Paul Ismaël Boro et Moussa Kimbiri « dans le cadre d’une affaire de tentative de déstabilisation des institutions », a circulé largement sur les réseaux sociaux.

Le même jour, un autre communiqué du même ministère est sorti pour dénoncer le précèdent, disant qu’il « relève d’un savant montage informatique ». Mais curieusement, le ministre reconnaissait en effet que Paul Ismaël et Moussa avaient été effectivement interpellés par les services de renseignements, et qu’ils avaient été mis à la disposition du Service d’investigations judiciaires de la Gendarmerie nationale. Il terminait en disant que la Police et la Gendarmerie étaient en train d’enquêter pour appréhender le ou les auteurs du faux communiqué.

Imiter la signature du ministre est très risqué

Après analyse du faux communiqué, il devient clair que son auteur a utilisé un logiciel Photoshop pour trafiquer la signature du ministre. En fouillant dans les documents du Code de procédure pénale du Mali, et après avoir consulté un juriste, je me suis rendu compte que si la personne est appréhendée, elle pourrait être accusée de faux et usage de faux, usurpation d’identité et de qualité, diffusion de fausse information, abus de confiance, trouble à l’ordre public, etc. Tous ces chefs d’accusation peuvent être sanctionnés en moyenne d’un à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende allant de 20000 à 500000 FCFA.

Il ne fait donc aucun doute que l’auteur du faux communiqué a commis un acte criminel, mais il n’est pas le seul fautif. Les internautes se sont empressés de partager le faux communiqué parce que les rumeurs sur « l’enlèvement » des deux personnes avaient circulé depuis le 26 août, sans jamais savoir pour quelle raison, et le ministère n’avait publié aucune information.

Dossier sensible

Le dossier est d’autant plus sensible que Paul Ismaël Boro est militant politique, proche du chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé, qui a refusé de reconnaitre la victoire du président Ibrahim Boubacar Keïta. L’affaire avait l’air d’un règlement de comptes politique. Si le ministère avait fait preuve de transparence depuis le début, ce fake news n’aurait pas eu lieu, et on aurait évité beaucoup de malentendus.

Cette histoire devrait donc servir de leçon à nos dirigeants. Dans une situation postélectorale tendue comme la nôtre, un petit rien peut faire des dégâts énormes et regrettables, et une rumeur peut être source d’une profonde crise. Or, si les autorités continuent de cacher les vraies informations sur les affaires sensibles, ce sont les rumeurs qui prendront le dessus.

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Les commentaires récents (3)

  1. Vous savez la vérité est que ibk n est plus aimé par les maliens et il veut venir forcément au pouvoir contre le gré des maliens ce n est pas une question de Soumi ou d ibk mais le choix des maliens il n a pas travaillé durant son quinquina son garçon a fait des abus vraiment en bon malien il doit démissionner