Des organisations de la société civile de Gao protestent contre « un système de favoritisme, de corruption et de magouilles » dans les différents recrutements des agents de la fonction publique.
Depuis plusieurs années, les populations de Gao assistent, impuissantes, à des pratiques que certains qualifient de « corruption » et de « magouille » dans le recrutement des agents de la fonction publique. Toutes choses qui, selon elles, défavorisent les jeunes de la région. Ainsi, les derniers résultats du recrutement des agents de la protection civile, où la région de Gao a eu un quota de 28 éléments, ont choqué les populations. Sur les 28 noms retenus, seuls 3 seraient ressortissants de Gao et les 25 autres sont des jeunes que certains, qui organisent les tests, ont fait venir d’ailleurs.
C’est pourquoi des organisations de la société civile de Gao sont descendus dans la rue le 10 juin 2019. Dans la cité des Askia, la marche a commencé aux environs de 9 h30. Partie du monuments des martyrs, les manifestants ont fait à peu près 1 km avant d’arriver au gouvernorat où ils ont été reçu par le gouverneur, Sidiki Samaké.
« Après investigation et recoupement de toutes les informations dont celles fournies par l’administration, nous avons constaté, avec regret que ledit recrutement s’est opéré en violation de toutes procédures. Sur les vingt-huit candidats retenus pour la protection civile au titre de l’année 2018, dans le quota de Gao, trois seulement sont résidents de la ville », confie Halidou Malicki, Secrétaire général de la Fédération des organisations de la société civile de Gao (FORC-G) et rapporteur.
Lors de son dernier passage à Gao, en avril dernier, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile a informé les populations qu’à chaque recrutement, il sera attribué à chaque région un quota pour éviter de frustrer les candidats. Il a demandé à la société civile de veiller à ce que les mesures prises soient respectées au niveau local. « Les jeunes qui vont quitter d’autres régions pour se faire passer pour des jeunes de Gao, c’est au niveau local qu’il faut éviter ça. », avait affirmé le ministre.
Je pense donc que la pilule ne peut passer cette fois-ci, n’en déplaise à ceux qui veulent « caser les chômeurs ». Les organisations de la société civile ont récusé les résultats du recrutement de la protection civile et revendiqué trois points : la restitution du quota réel de Gao ; la suspension, sans délai, du recrutement en cours de la police et de la garde nationale en attendant que la situation soit totalement élucidée à tous les niveaux, et la mise en place d’un système équitable, transparent et consensuel de recrutement dans les corps en uniforme de l’État.
Le gouverneur de la région, Sidiki Samaké, qui a reçu les manifestants et à qui une déclaration de la société civile a été remise, n’a pas tardé à répondre et à apporter des solutions aux revendications. En effet, la journée suivant la marche, le gouverneur a rencontré les différentes sensibilités de la société civile et, le mercredi dernier, a tenu un point de presse pour annoncer à la population les mesures prises.
D’abord, le « quota réel de Gao » sera restitué au prochain recrutement (un quota supplémentaire sera ajouté au quota qui sera retenu au prochain recrutement). Ensuite, le gouverneur de la région a assuré à la population qu’il sera mis en place une commission dans laquelle toutes les sensibilités seront représentées pour veiller aux recrutements. Les organisations disent rester vigilantes jusqu’à obtenir satisfaction et n’excluent pas d’autres actions dans les jours prochains.