Alors que la Twittosphère est enflammée après l’assassinat en Irak du général iranien Qassem Souleimani, un tweet sur le compte de la Présidence du Mali condamnait l’assassinat en des termes peu diplomatiques. Il y avait baleine sous graviers.
La mort du général iranien Qassem Souleymani dans une frappe de drone américain en Irak, le 3 janvier 2020, a eu des résonances jusqu’au Mali. Sur Twitter, un commentaire fort peu diplomatique sur le compte de la présidence du Mali en a surpris plus d’un.
The Malian President’s official account tweeted « There’s no one to tell Trump it was stupid to order and publicly claim responsibility for the assassination of Iran’s number 2. He is threatening world peace, upsetting fragile balances, and turning the US into a rogue state. » pic.twitter.com/DNX3z38ek3
— Joe Penney (@joepenney) January 6, 2020
Malgré que le tweet ait été supprimé quelques minutes après, la capture d’écran a continué à circuler sur les réseaux sociaux, amenant ainsi la présidence à se fendre d’un tweet arguant que « son compte Twitter a été momentanément piraté par des individus mal intentionnés ».
#Urgent
La Présidence de la République informe l’opinion nationale et internationale que ce 6 janvier 2020 son compte twitter a été momentanément piraté par des individus mal intentionnés.Twitter en a été informé et des investigations sont en cours pour en démasquer les auteurs— Presidence Mali (@PresidenceMali) January 6, 2020
Au lendemain de ce post, nous en avons su un peu plus sur ce que certains ont appelé le « Tweetgate ». « Compte twitter de la Présidence. Ni pirates, ni hackers, une regrettable erreur de manipulation. Hier, en voulant tweeter sur la crise américano-iranienne, je me suis retrouvé sur le compte de la Présidence, dont je possédais les clés, par erreur. Aucune volonté de nuisance », pouvait-on lire sur le compte Twitter de Tiegoum Maïga, ancien directeur de la communication de la présidence du Mali, démis de ses fonctions en novembre dernier.
Interpellation
Est-ce dire que Monsieur Tiegoum Boubèye Maiga, qui sait qu’il ne gère plus le compte Twitter d’une institution aussi importante que la présidence, n’a pas pris la peine de le désactiver de ses appareils ?
Il se trouve que j’avais oublié de me déconnecter du compte présidentiel après mon départ de Koulouba. Il n’y a ni pirates, ni hackers, juste une malencontreuse erreur de manipulation.
— tiegoum maiga (@algayta) January 7, 2020
Un simple tweet pour montrer qu’on n’a aucune volonté de nuire est-il suffisant pour atténuer le fait ? On peut en douter fort.
Tiégoum Maiga ex directeur de la communication de la Présidence du Mali, a passé la nuit à la brigade d’investigation judiciaire
— Yapi N’GUESAN (@YapiNGUESAN) January 9, 2020
Empêtré dans la présence ambiguë de la France chez nous, la présidence du Mali doit s’abstenir des risques d’une communication dangereuse sur les conflits impliquant les intimes-ennemis comme les U.S.A et l’Iran. C’est une faute qui peut nous coûter très chère.
— Samou Samuel KONE (@namugeleya) January 9, 2020
Incident diplomatique: @USEmbassyMali doit impérativement demander des comptes à @PresidenceMali pour ce tweet peu amène à l’endroit des #USA et qui ne sied pas aux usages diplomatiques. #Mali pic.twitter.com/ODZzazTqts
— Ashley Leïla MAIGA (@AshleyLelaMAIGA) January 6, 2020
D’importants organes de presse ne sont pas restés en marge de l’affaire. Le dessinateur franco-burkinabé, Damien Glez, dans sa chronique sur Jeune Afrique, n’a pas hésité à la tourner en dérision pour amuser la galerie. Le journal Le Monde s’est également penché sur l’affaire à travers un papier intitulé : ‘’«Trump a commis une connerie » : l’étrange réaction de la présidence malienne sur Twitter’’.
«Couac numérique entre le Mali et les États-Unis», texte et dessin sur le site de Jeune Afrique…https://t.co/kWIXcIICXp
— Damien Glez (@DamienGlez) January 9, 2020
Ironie ou pas, certains ont l’air d’apprécier le tweet malgré tout ce qu’on peut lui reprocher de néfaste.
La présidence du Mali a peur ou bien ?
C’est un tweet qui dit la vérité. Trump est un psychopathe, un voyou qui ne respecte rien.— Zana Abdoul tico (@abdoulaye_zana) January 9, 2020
La présidence du Mali n’a pas totalement tort. C’est exactema comme ça que moi même j’ai apprécié la déclaration de Trump.
Selon un adage Bamanana《le pauvre croque sa cola dan la toilette》sous peine d’attirer l’attention des puissants sur ta présence. Defunt était un être humai https://t.co/5c1vW2TGMH— Seydou KONE (@Bougounikone) January 7, 2020
Pour bon nombre de personnes qui condamnent l’acte, le tweet publié par Tiegoum Boubèye Maïga, sur le compte de la présidence, bien que jugé dangereux, étale ce que beaucoup pensent tout bas. S’il a anticipé la fin des enquêtes dont l’ouverture avait été annoncée par la présidence, en s’expliquant, c’est à son ancien employeur que revenait le dernier mot, comme l’a relevé un internaute.
La publication qui enfalmme la toile malienne. L’auteur, Tiégoum Boubèye Maiga, précédemment Directeur de la communication de la Présidentce de la République a vite fait de prendre le devant de la scène en s’expliquant. Le dernier mot revient à son ancien employeur: Koulouba. pic.twitter.com/xsYfyOJcjA
— Adama DIARRA (@Diarrakai) January 7, 2020
Ainsi, il a été interpellé par la Brigade d’investigation judiciaire et certaines informations annonçaient même qu’il avait été placé sous mandat de dépôt. D’un simple tweet, il s’est retrouvé dans de sales draps.