Avec l’avènement de l’intelligence artificielle (IA), le risque d’une hausse sans précédent de la désinformation sur internet menace l’intégrité des élections.
Le lancement de l’outil conversationnel ChatGPT par l’entreprise américaine Open AI, fin 2022, a incroyablement démocratisé l’usage de l’IA. Aujourd’hui, plusieurs outils d’intelligence artificielle capables de générer des textes et des images sont accessibles. Ces outils, outre qu’ils offrent un pouvoir immense de créativité, font craindre une multiplication des campagnes malveillantes de désinformation surtout en période de compétition électorale.
Le Mali, bien que le taux de scolarisation y soit faible, n’est pas en marge des défis de la démocratisation des outils d’intelligence artificielle. La question d’ores et déjà anime les conversations sur les réseaux sociaux. En déroulant son fil d’actualité sur Facebook, on tombe régulièrement sur des images générées par IA et aussi d’annonces de formation à l’utilisation de l’IA, preuve d’une population – en tout cas urbaine – qui vit pleinement son époque.
Prendre conscience
Au Mali, l’élection presidentielle pour le transfert du pouvoir aux civils, prévue initialement pour février 2024, a été reportée pour des « raisons techniques ». Et des observateurs ont fait remarquer l’absence d’un budget alloué au scrutin dans le budget de l’année de 2024.
Lors de la dernière élection présidentielle au Mali en 2018, à l’époque déjà, nous avons assisté à des campagnes d’influence et de désinformation. Il est fréquent d’entendre des experts alerter sur les menaces que représentent l’intelligence artificielle sur les élections. Elle pourrait saper la bonne tenue des élections, le respect des droits humains et la stabilité tout entière de nos sociétés, avait alerté Volker Türk, le chef du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies, le 30 novembre 2023, à l’occasion d’un sommet sur l’IA.
Prenant conscience des dangers que représente son outil pour les processus électoraux, l’entreprise propriétaire de ChatGPT a annoncé, ce 15 janvier sur son blog, des mesures pour combattre l’utilisation de son robot à des fins de désinformation surtout en période électorale. La firme explique qu’elle travaille à s’assurer que sa technologie ne soit pas « utilisée d’une manière qui pourrait nuire […] à la protection de l’intégrité des élections ».
Parmi les solutions qui vont être déployées par Open AI, il y aura une meilleure transparence sur la provenance des images créées, « y compris la capacité de détecter quels outils ont été utilisés pour produire une image ». Une bonne nouvelle pour les professionnels de la vérification des faits, qui sont en manque d’outils performants face aux images générées.
Ainsi, il est important pour le Mali de s’organiser pour empêcher que la prochaine élection présidentielle ne soit submergée des contenus fabriqués par l’IA. Nous avons des citoyens de plus en plus connectés : il urge de leur faire prendre conscience de ces dangers afin qu’ils ne tombent pas dans les pièges de ceux qui font de la désinformation leur arme favorite.