Lors des violentes manifestations à Bamako, du vendredi 10 au dimanche 12 juillet 2020, certaines images publiées sur les réseaux sociaux ont été sorties de leur contexte pour illustrer la répression par les forces de sécurité maliennes, qui tiraient à balles réelles. Cette répression a été largement condamnée par des partis politiques et des organisations de défense des droits de l’homme.
Depuis l’appel à la « désobéissance civile » lancé le 10 juillet par le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), coalition hétéroclite de partis politiques opposés au président Keïta et de mouvements de la société civile, Bamako est le théâtre de violentes manifestations. Ces manifestations se sont traduites par des destructions de bâtiments publics et des affrontements violents avec les forces de sécurité tirant à balles réelles.
Le bilan donné par le ministère de la Santé et des Affaires sociales, au cours d’une rencontre lundi avec le Premier ministre, fait état de 158 victimes parmi lesquelles 11 ont perdu la vie. Alors que le mouvement de contestation a annoncé dans un communiqué, le même jour, une vingtaine de morts et plus d’une centaine de blessés.
Images hors contexte
Les médias sociaux, comme c’est le cas depuis un certain moment au Mali, jouent un rôle important dans ces évènements. Mais des photos et des vidéos, largement diffusées sur les réseaux sociaux en pleine escalade des affrontements entre manifestants et forces de sécurité, n’ont pas été prises au Mali ou n’ont rien à avoir avec les évènements en cours à Bamako.
Cette photo, montrant une femme morte avec une blessure au cou, est présentée comme une victime de la répression des forces de l’ordre à Bamako. Une recherche inversée permet de savoir que cette photo ne date pas du vendredi 10 juillet 2020. Elle a déjà été publiée sur cette page congolaise. Il en est de même pour la deuxième photo, que l’on retrouve ici sur un compte Twitter appartenant à un Congolais.
Sur cette autre publication, très largement partagée sur les réseaux sociaux, on voit des préservatifs d’un côté et un groupe de manifestants de l’autre. Sur la première image, l’internaute prétend que les préservatifs « Durex » se trouvaient dans l’Assemblée nationale du Mali. « Des centaines de cartons de préservatifs DUREX dans presque tous les bureaux », écrit-il. Une recherche inversée a permis, encore une fois, de retrouver cette image dans cet article intitulé « Meilleurs conseils pour voyager au féminin ». Mais la seconde image, à droite, a effectivement été prise dans la cour de l’Assemblée nationale, le vendredi 10 juillet 2020.
Cette image montrant des manifestants avec deux feuilles, sur lesquelles on peut lire « LA FRANCE UN ETAT TERRORISTE » et « STOP AU GÉNOCIDE DE LA FRANCE AU LE MALI », est présentée comme datant aussi du 10 juillet, sur le Boulevard de l’indépendance. Faux. On retrouve la photo dans cet article de l’hebdomadaire Jeune Afrique, qui date de décembre 2019.
Faire attention
« Parmi les hommes cagoulés qui tirent sur les manifestants, des gens ont pu photographier des Blancs, certainement des Français », lit-on sur cette publication devenue virale. Faux. Il n’en est rien. Nous avons retrouvé la photo originale. Elle a été zoomée sur le poignet du soldat et ainsi donner l’impression qu’il s’agit d’un homme blanc. Voilà la photo originale, qu’on retrouve déjà sur Internet. Elle a servi à illustrer cet article qui date de février 2020.
Dans cette vidéo, publiée dans le groupe Facebook « CMAS MAHMOUD DICKO commune 6 », on voit des éléments des force de sécurité vandaliser les véhicules privés stationnés dans la rue.
Cette vidéo, bien que montrant des éléments des force de sécurité malienne, n’est pas liée aux évènements récents. La vidéo qu’on retrouve ici a été filmée lors de la manifestation contre l’installation du camp du G5 Sahel à Badalabougou, en juillet 2019.
Les fausses informations prennent de l’ampleur dans une crise comme celle que vit le Mali actuellement. Il est recommandé de faire attention aux images qui circulent. Prenez toujours le temps de vérifier une image avant de la partager.