Les rumeurs sur la monnaie commune continuent de se propager sur les réseaux sociaux. Des internautes se félicitent d’une « bonne nouvelle ». D’autres font l’éloge des autorités de l’Alliance des États du Sahel (AES) qui, selon eux, « ont rendu possible la concrétisation d’une monnaie commune ». Or, le Mali, le Burkina Faso et le Niger n’ont pas validé une nouvelle monnaie.
Les différentes vidéos, devenues virales notamment sur TikTok, ont presque toutes un point commun : la même voix qui les accompagne. L’internaute s’exprime en français et en bamanakan. Mais ces vidéos n’ont rien à voir avec les pays de l’AES et n’ont pour but que de manipuler.
Nous avons procédé à des recherches inversées sur quelques captures faites à partir de l’une des vidéos. Nos résultats nous ont mené vers un article publié en 2012, sur le site de la chaîne espagnole RTVE. L’élément sonore, qui accompagne la vidéo, parle plutôt de la dette publique en Espagne.
Ainsi, nous faisons face à des vidéos manipulées et hors contextes. Mais au-delà de ce fait, aucune autorité malienne n’a confirmé l’existence même d’un spécimen de cette monnaie.
« La bonne démarche »
Interrogé sur la question, Choguel Maïga, premier ministre de transition, appelle à la responsabilité. Dans l’émission Malikura Tassira 2 de l’ORTM (Office de radiodiffusion télévision du Mali), il indique que la création d’une monnaie ne peut intervenir qu’après des analyses approfondies des experts. « Nous avons des spécialistes de la monnaie, des richesses dont regorgent le pays, de l’or, ils sont en train de réfléchir sur cette question. Le jour où ils vont déposer leur rapport, on va trancher », a affirmé M. Maïga.
Sur Joliba TV News, Amadou Albert Maïga, membre du Conseil national de transition (CNT), notamment de la commission finances, a alerté sur des répercussions de ces fausses informations sur l’économie du pays. Aussi, « nous sommes sortis de la CEDEAO [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest], mais pas de l’UEMOA [Union économique monétaire ouest-africaine]. Or la politique monétaire est gérée par cette institution », a souligné le conseiller.
S’agissant de la procédure, Modibo Mao Macalou, économiste et ancien conseiller à la présidence malienne, explique que la création d’une monnaie n’est possible que s’il y a, entre autres, une volonté politique, une équipe mise en place pour sa gestion. Il précise tout de même que le Mali est « dépendant du commerce international qui constitue 60% de son produit intérieur brut ».