Plusieurs médias maliens en ligne et pages Facebook ont rapporté, ces derniers jours, une prétendue opération dans laquelle la Minusma aurait été prise « en flagrant délit de complicité avec les groupes armés djihadistes contre les habitants du cercle de Bankass ». Le texte continue d’être partagé sur les réseaux, mais c’est de la pure manipulation.

« Mali : La Minusma pris en flagrant délit de complicité avec les groupes armées djihadistes contre les habitants du cercle de Bankass ». C’est le titre d’un papier signé par un certain Lamine Keïta, qui officierait au journal Le Dénonciateur. Il est largement repris par des pages Facebook comme ici 1, 2, 3, 4 mais aussi par des sites Web, comme on peut le constater derrière ces chiffres 1, 2, 3.

Selon l’auteur, la « forte mobilisation des chasseurs combattants dans la ville fut localisé(e) par un drone de la Minusma qui ont (sic) vite dépêché un Avion pour se diriger vers la Zone Rouge ». Et cela « afin d’empêcher les chasseurs d’aller combattre les groupes armés qui se sont stabilisé(s) dans un village près de Bankass pour mieux se positionner avant l’attaque ». Il ajoute que la Minusma serait ainsi intervenue pour stopper « l’avancée des chasseurs qui étaient presque arrivés dans la ville [où] les rebelles ont fait siège [et] ils les ont forcer (sic) [à] se replier et [à] rebrousser le chemin […] ».

« Tout porte [à] croire désormais que la Minusma et les autres forces étrangères residant (sic) au Mali ne sont rien d’autre que les complices des djihadistes et l’ennemi du Pays. Que Justice soit faîtes », conclut l’article.

MALI : La MINUSMA pris en flagrant délit de complicité avec les groupes armés djihadistes contre les habitants du cercle de BANKASS

Plusieurs éléments font douter de la crédibilité de cet article : il est écrit avec des fautes d’orthographe et de grammaire, l’auteur ne cite aucune source identifiable et à aucun moment il ne précise la localité exacte où la mission onusienne au Mali aurait été vue en train de discuter avec les terroristes.

Faux article attribué au journal Le Dénonciateur

Un autre élément troublant est qu’il a été attribué à un certain « Lamine Keïta du journal Le Dénonciateur. » Nous avons contacté Mamoutou Tangara, le directeur de publication du journal cité, via WhatsApp. M. Tangara rejette totalement le contenu de l’article attribué à son organe et affirme qu’il ne compte pas de Lamine Keïta parmi ses journalistes. « Après une réunion de rédaction, personne d’entre nous n’a confirmé avoir fait des articles pareils. Nous déclinons donc toute responsabilité et exigerons par des voies légales une poursuite [contre les auteurs de cet article] », nous indique l’actuel directeur de publication du Dénonciateur dont le site Web n’est plus opérationnel depuis 2018.

BenbereVerif a pu également constater dans l’ours du journal qu’il n’y a effectivement pas de Lamine Keïta parmi les journalistes de la rédaction. (Cf capture d’écran)

Démenti de la MINUSMA

Contacté, Olivier Salgado, porte-parole de la mission onusienne au Mali,  apporte un démenti catégorique. « La MIMUSMA dément catégoriquement les informations tendancieuses récentes diffusées sur une prétendue implication dans une opération qui se serait déroulée dans les environs de Bankass dimanche dernier », nous a-t-il écrit. Il ajoute : « Nous regrettons que les auteurs de fausses informations et de tentatives de manipulation de l’opinion publique participent à la déstabilisation de la situation dans des zones sensibles du pays. »

A Bankass, des sources contactées nous confirment aussi la fausseté de cette information.