Dans le cadre de son projet BololoKolochili, « Benbere » a produit un rapport d’analyse sur la désinformation au Mali, notamment les tendances sur les réseaux sociaux au mois d’avril.
La plateforme Benbere a rendu public, le 9 mai 2023, son premier rapport d’analyse mensuel sur les tendances des fausses informations au Mali. Dans une note de quatre pages, l’analyse porte sur une trentaine de fausses informations qui ont circulé sur les différents réseaux, notamment Facebook, Twitter, YouTube, TikTok ou encore WhatsApp pendant le mois d’avril 2023.
« Avec l’initiative de Benbere, nommée « Bololokolochili » (« surveiller les réseaux sociaux », en bamanankan), nous avons recensé entre le 1er et 28 avril 2023, une trentaine de fausses informations, d’informations erronées et ou parcellaires. Ces fausses informations ont touché nombre de personnes, en majorité des jeunes », indique le rapport.
En effet, le phénomène de la désinformation sur les réseaux sociaux est devenu un défi majeur pour les gouvernants mais aussi au-delà : les cibles des fausses informations sont nombreuses. Ainsi, au mois d’avril, la mission de l’ONU au Mali (MINUSMA) a été victime des fausses informations sur différents sujets, allant de la nature de son mandat jusqu’à l’intervention de ses casques bleus sur le terrain dans les régions du centre du pays. En plus de cela, des discours de haine ont aussi visé la mission.
Selon le rapport d’analyse du mois d’avril, après le traitement de la collecte d’une trentaine de fausses informations, plus d’une dizaine ont concerné la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali.
« Les fausses informations ont surtout visé les domaines sécuritaires. Parmi les fausses informations recensées, plus d’une dizaine porte sur la MINUSMA, alors que le reste concerne les actions de la Transition », explique le rapport.
Reprise sur les radios
Au Mali, les radios de proximité jouent un rôle capital dans la diffusion de l’information, surtout à l’intérieur du pays. Si les fausses informations ont tendance à circuler sur les réseaux sociaux avant leur reprise sur certaines radios, la collecte du mois d’avril a montré des situations contraires. En effet, une fausse information sur un prétendu complot de la France et des États-Unis est partie d’une radio pour devenir virale sur les réseaux sociaux.
« Dans une émission sur une radio, en bamanankan, l’animateur a affirmé que la France et les Etats-Unis complotaient contre le Mali. Selon lui, le survol de Kidal par les avions de combat des FAMa a permis de découvrir les preuves de ce complot et des militaires français seraient encore dans le camp de la MINUSMA à Kidal », peut-on lire dans le rapport.
Ce cas de désinformation partant de la radio vers les réseaux sociaux gagne beaucoup d’audience du fait ce medium reste toujours la première source d’information pour beaucoup de Maliens, surtout ceux qui ne sont pas alphabétisés.
« Rendre service à la patrie »
Dans son rapport d’analyse du mois d’avril, le projet Bololokochili tente d’identifier les acteurs de la désinformation au Mali et leurs motivations. Pour les acteurs, sans surprise, ce sont les web-activistes qui viennent en première position, suivis des journalistes. En plus de ces deux catégories, d’autres diffusent les fausses informations croyant rendre service à leur pays.
Les plus grands diffuseurs des fausses informations au Mali le font pour des motifs économiques. Même s’ils essayent de mettre en avant leurs attachements aux intérêts du pays, ils le font pour avoir de l’argent.