Why a jihadist takeover of a Sahelian capital is unlikely
Lutter contre la désinformation au Mali : miser sur le prébunking
0

Alors que la désinformation se propage, une approche préventive méconnue pourrait changer la donne : le prébunking.

Le mot « prébunking » vient de l’anglais « to preempt » (anticiper) et « debunk » (démonter une fausse information). Contrairement au debunking, qui intervient après coup, le prébunking vise à prévenir la désinformation en préparant les citoyens à y faire face. Popularisé par des chercheurs en psychologie et des initiatives comme celle de Google Jigsaw, ce concept gagne peu à peu du terrain. Le Mali peut s’en inspirer pour renforcer la résilience de ses citoyens face aux fausses informations.

Prévenir plutôt que guérir : les principes du prébunking

Les fausses informations circulent vite, surtout sur des plateformes très populaires au Mali comme Facebook, WhatsApp ou TikTok. Elle cible souvent des sujets sensibles : sécurité, politique, santé, religion… Face à ce phénomène, le prébunking propose une approche préventive.

Selon Yacouba Dramé, journaliste et fact-checker, il s’agit d’expliquer en amont des notions méconnues ou des événements à venir, afin d’aider les citoyens à repérer plus facilement les tentatives de manipulation : « Cela renforce leur esprit critique et les rend moins vulnérables. Le but est d’éduquer, de vulgariser, de sensibiliser avant même que la désinformation ne s’installe. Par exemple, lors de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre, il serait possible d’identifier à l’avance les sujets sensibles et de produire des contenus clairs pour limiter les risques de désinformation. Une démarche anticipative qui pourrait s’avérer précieuse dans un contexte où les rumeurs se propagent en quelques clics ».

On a, par exemple, vu circuler de fausses informations sur des campagnes de vaccination, des élections ou des opérations militaires. Dans ces cas, une démarche de prébunking aurait permis de désamorcer les fausses rumeurs avant qu’elles ne prennent de l’ampleur.

Une stratégie prometteuse mais encore peu exploitée 

Le prébunking est encore peu utilisé au Mali, car il demande beaucoup de préparation, une bonne surveillance de l’actualité et des compétences pour créer des contenus adaptés. Comme le souligne Yacouba Dramé, « pour faire du prébunking, il faut une rédaction costaud » capable d’identifier les thématiques à risque avant qu’elles ne deviennent virales.

Pour atteindre les jeunes, particulièrement exposés à la désinformation sur les réseaux sociaux, les formats courts et visuels sont à privilégier. Les vidéos dynamiques, les infographies épurées ou encore les messages en langues locales permettent de capter l’attention et de transmettre une information claire. Il peut s’agir de vidéos animées qui dévoilent les techniques de manipulation des auteurs d’infox, d’infographies pédagogiques qui décryptent les signes d’une fausse information, ou encore de contenus audio ou visuels diffusés dans les groupes WhatsApp et sur les radios communautaires.

Même si la pratique du prébunking demande des ressources, il représente une opportunité pour renforcer la résilience citoyenne. Dans un pays où les fausses informations peuvent aggraver les tensions et nuire à la cohésion sociale, préparer les citoyens avant qu’ils ne soient confrontés à la désinformation est important et utile.

Partagez-nous votre opinion
Les commentaires récents
(0)

Entrer votre recherche