A Bamako, ce 23 décembre 2024, la Compagnie Sogolon a inauguré le Centre de marionnettes traditionnelles et contemporaines d’Afrique de l’Ouest (CMAO). Ce projet ambitieux vise à revitaliser l’art ancestral des marionnettes tout en répondant aux défis modernes de la création, de l’éducation et du développement économique.
Ce centre incarne le rêve réalisé de Yaya Coulibaly, marionnettiste et metteur en scène malien de renom, reconnu pour sa contribution essentielle à la préservation et à la modernisation de l’art des marionnettes en Afrique de l’Ouest. Fondateur de la Compagnie Sogolon en 1988, il a consacré sa vie à mêler les traditions artistiques de son pays aux pratiques contemporaines. Avec l’appui de l’ambassade de Belgique et de l’ambassade d’Allemagne, ce centre unique en son genre au Mali se distingue comme un véritable carrefour où l’héritage et l’innovation se rencontrent harmonieusement.
Pour la sauvegarde de la culture
Le Mali, terre riche en traditions artistiques, brille par la diversité de ses expressions culturelles, notamment dans la danse, le théâtre et les arts visuels. Cependant, ce précieux patrimoine se heurte à des défis majeurs liés à la mondialisation et à l’évolution rapide des pratiques culturelles. Les mutations sociales et l’influence des modèles modernes poussent souvent les jeunes générations à s’éloigner de leurs racines, considérant parfois ces traditions comme désuètes.
Face à cette réalité préoccupante, Yaya Coulibaly, défenseur de l’art des marionnettes, et ses équipes ont imaginé un espace où cet héritage pourrait être sauvegardé, transmis et réinventé. « Les marionnettes ne sont pas de simples instruments de divertissement. Elles incarnent nos récits, notre identité profonde. Les perdre reviendrait à perdre une part essentielle de nous-mêmes », affirme-t-il avec conviction.
Le CMAO représente l’aboutissement de ce combat. Bien plus qu’un simple centre, il s’impose comme un sanctuaire de la mémoire et un laboratoire d’innovation où artistes, chercheurs et passionnés se rencontrent pour faire vivre et réimaginer l’art des marionnettes.
Un sanctuaire pour un art ancestral
Selon son directeur, le centre ambitionne de devenir un espace d’innovation, de recherche et de transmission autour des marionnettes et des masques. Pour atteindre cet objectif, il propose des spectacles pour moderniser cet art, des ateliers pour former les nouvelles générations, des résidences artistiques pour encourager la création, des expositions pour valoriser les marionnettes traditionnelles et contemporaines, ainsi que des événements tels que des panels, des conférences et des collaborations internationales. Ces initiatives visent à dynamiser la scène culturelle locale et à ancrer la marionnette dans le dialogue artistique mondial.
Le centre bénéficie également aux institutions éducatives partenaires pour des programmes pédagogiques innovants, aux artisans locaux en leur offrant un espace de visibilité et de commerce, ainsi qu’aux ONG pour sensibiliser par l’art.
Pour concrétiser cette vision, le nouveau centre s’appuie sur des infrastructures modernes et fonctionnelles, comprenant une salle d’exposition pour mettre en lumière les œuvres traditionnelles et contemporaines, un atelier de fabrication et de réparation pour favoriser l’innovation, une salle multifonctionnelle pour accueillir spectacles et conférences, des chambres de résidence pour les artistes venus du Mali et d’ailleurs, et une boutique de souvenirs pour promouvoir et commercialiser les créations artisanales. Ces installations permettent au centre d’accueillir des événements d’envergure nationale et internationale, renforçant son attractivité culturelle et touristique.
L’inauguration du centre symbolise une étape clé pour le patrimoine culturel malien. Avec le soutien des autorités, des partenaires et de la communauté locale, ce centre a tous les atouts pour devenir un pilier durable de création, d’éducation et de rayonnement artistique.