Fortement affectés par la crise sanitaire, les professionnels des métiers d’art au Mali assistent impuissamment à la perte de leurs chiffres d’affaires. La Covid-19 a durement touché les entreprises culturelles.
Cet article a d’abord été publié sur maliweb.net.
La crise sanitaire a durement touché l’économie culturelle et artistique tant au niveau mondial que dans notre pays. Pour les professionnels des métiers d’art, la pandémie est une véritable catastrophe pour les artistes. La création artistique de façon générale a pris un grand coup et beaucoup de projets ont été reportés aux calendes grecques ou simplement annulés.
« La pandémie a fermé les expositions, le cinéma, les salles de théâtre et pour nous artistes plasticiens, cinéastes, musiciens, danseurs, comédiens, nous avons souffert de la pandémie. Car toutes les activités artistiques ont été bloquées, pas de manifestations artistiques ni dans le pays, ni hors du pays », témoigne Fily Traoré, artiste comédien et metteur en scène malien. Et d’ajouter : « Toutes les économies ont été vidées, l’artiste moyen se demandait chaque matin comment faire pour assurer le quotidien. ».
Retraites créatives
Assitan Tangara, membre de l’Association pour la recherche théâtrale Anw Jigi Art, ajoute : « Tous nos projets sont partis à l’eau, on ne pouvait plus tenir nos ateliers de résidence pour nos créations. Pas de spectacle encore moins de voyage. La pandémie a entrainé la cessation de nos programmes et projets. Nous avions été obligés à notre niveau de réaménager nos projets. Alors que nous devions nous rendre en France pour un spectacle, il nous a fallu faire venir nos partenaires, du coût cela nous est revenu plus cher. Et c’est sans compter qu’avec la situation sécuritaire, on ne peut pas les amener partout dans le pays, juste pour vous dire combien la pandémie a été catastrophique pour nous autres artistes. De plus, ces changements ont entrainé une énorme baisse de nos chiffres d’affaires ».
Pour cette conteuse, comédienne et metteure en scène, les restrictions de voyages ont lourdement fragilisé l’économie culturelle. Des propos soutenus par le président de la Fédération des artistes du Mali, Adama Traoré, pour qui 80% des activités artistiques sont effectuées en dehors du pays. Et avec les restrictions de voyage, bon nombre de projets ont été annulés au grand dam des artistes. Selon le patron de la compagnie Acte Sept, les artistes auraient pu consacrer ce temps à la production et aux créations n’eurent été les mesures de distanciation qui rendent difficile ces retraites créatives.
Il soutient que la crise sanitaire a fortement affecté l’économie de leur domaine. Malgré la perte des chiffres d’affaires et des difficultés de trésorerie, les acteurs du domaine sont obligés de se battre pour supporter leurs charges fixes. « Avec des structures telle que la nôtre, avec la crise, il n’est pas facile de s’en sortir avec les charges fixes. Le loyer à payer, les frais d’électricité, la connexion Internet, etc. On a dû écrire aux impôts et à l’INPS pour leur expliquer notre situation afin qu’ils nous dispensent des pénalités ».
Une question de survie
Par ailleurs, le président de la Fedama joint sa voix à celles de ses collègues pour déplorer l’absence d’accompagnement des autorités. « Il y a eu des propositions d’appui, d’aide à nos entreprises, malheureusement elles sont restées à l’état de vœux formulés », dira-t-il. « L’État s’est engagé à verser à chaque artiste la modeste sommes de quatre-vingt-dix mille francs depuis novembre 2020, rien n’a été perçu jusque-là », soutient le comédien Fily Traoré. Ce dernier assure qu’en dépit des mesures restrictives, la plupart des artistes, par nécessité, se cachaient pour exercer quelques activités au détriment des risques de contamination. Selon lui, il s’agit d’une question de survie.
Pour le président de la Fédération des artistes du Mali, le mieux aurait été d’avoir une plateforme numérique pour vendre leurs créations. Et cela nécessité un travail préalable pour avoir une grande visibilité, des activités qui nécessitent le soutien financier de l’État ou d’une tierce personne. En attendant, les artistes ont repensé leur modèle économique et trouver de nouvelles formules.
Ce reportage est publié avec le soutien de JDH/JHR-Journalistes pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada