La conduite d’une moto n’est pas soumise à une obligation de détenir un permis. Conduire en circulation ne doit, pourtant, pas être un fait du hasard. Il est nécessaire de rendre obligatoire, dans les faits, le passage d’un permis pour les motocyclistes.
Les motocycles font partie des moyens de transport très populaires et privilégiés par les populations au Mali. Ces engins sont, cependant, très majoritairement impliqués dans les accidents de la route. Ils sont plus vulnérables en circulation, ne disposant pas de la même protection qu’un automobile par exemple. Leur conduite doit donc requérir plus de prudence, d’aptitudes, de sécurité, de conscience et de responsabilité.
C’est pourquoi, il est important d’exiger plus de compétences aux motocyclistes et de leur faire passer un test d’aptitudes afin de s’assurer qu’ils savent conduire en toute sécurité sur les routes. L’obligation de passage d’un permis de conduire pour les motocyclistes permettra de rendre plus sécurisée la conduite des engins à deux roues.
Selon des chiffres de la base de données internationale sur le trafic routier et les accidents (IRTAD, en anglais) du Forum international des transports (ITF en anglais), les chiffres au Mali ont frôlé le nombre de 2 morts et 38 blessés par jour suite à un accident de la route. De plus, 60% des victimes sont des usagers de deux roues motorisés et près de 50% sont des jeunes. Face à cette préoccupation, nous estimons que l’une des mesures consiste à prendre en compte l’imposition stricte et obligatoire du permis de conduire pour les motocyclistes.
Imposition du permis
«Un permis de conduire est un document qui atteste de la capacité à conduire certains types de véhicules. Son obtention passe par l’exercice et la réussite à différentes épreuves d’aptitudes qui permettent de tester la capacité du conducteur à circuler sur les routes », explique M. Diamoutènè, moniteur d’auto-école. Au Mali, il est illégal pour un motocycliste de circuler sur les routes sans permis de conduire. Aux termes de l’article 88 du décret portant conditions de l’usage des voies ouvertes à la circulation publique et de la mise en circulation des véhicules, « nul ne peut conduire un véhicule automobile ou un ensemble de véhicules s’il n’est titulaire d’un permis établi à son nom, en état de validité, délivré par le ministre chargé des transports[…] ». Cette disposition s’applique également aux conducteurs d’engins à deux roues à moteur, de tricycles et quadricycles à moteur, à l’exclusion des cyclomoteurs.
Mais dans les faits, conduire une moto sans permis est une pratique très courante. Pourtant, celle-ci expose les motocyclistes et autres usagers de la circulation à tous les dangers possibles d’accidents de la route. Apprendre à conduire une moto se fait sur le tas. Nul besoin de prouver une quelconque aptitude à travers un test. La conduite sur la route requiert une grande responsabilité.
Il est important de maîtriser la conduite de son moyen de déplacement et les règles de la conduite sur la route. Le permis de conduire, en ce sens, permet de responsabiliser un conducteur. « Le permis de conduire garantit que le conducteur sait utiliser son moyen de transport en toute sécurité », ajoute M. Diamoutènè. Il prouve que le conducteur a suivi une formation adéquate pour pouvoir conduire. L’imposition obligatoire du permis pour les motocyclistes permet donc de sortir progressivement de l’état d’amateurisme dans la conduite et réduire ainsi les risques qui y sont liés.
Responsabilité de l’État
Malgré l’existence de la réglementation sur le passage du permis de conduire obligatoire pour les motocyclistes, l’État peine à assurer le respect de la mesure. En 2021, le ministère des Transports et des Infrastructures avait lancé une opération spéciale de délivrance de permis de conduire pour motos pendant une durée de neuf mois. Des tarifs promotionnels avaient été fixés (de 15 000 francs CFA à 5 000 francs CFA) en vue d’encourager les motocyclistes à se mettre en règle. Passé ce délai, la mise en place de sanctions pour ceux qui ne respecteraient pas la réglementation était prévue. Cette initiative n’aura finalement été qu’une vaine tentative de plus.
Pour arriver à renforcer la sécurité routière au Mali, il appartient pourtant à l’État de s’engager à prendre des mesures décisives et fortes. Cela passe, bien entendu, par de grands efforts de sensibilisation à l’endroit des populations mais aussi, en l’occurrence, par la grande facilitation du processus administratif de passage et d’obtention du permis de conduire pour les motocyclistes.