Les routes ont tout l’air de poubelles et de toilettes de fortune. Le long des trajets, gisent des déchets trainant sur les chaussées. Ces déchets finissent dans les caniveaux.
Au Mali, les routes constituent des poubelles sans nom. Les passants se débarrassent et jettent dans la nature, sans égard pour les autres et l’environnement lui-même, tout ce qui les gêne ou ne les sert plus en cours de chemin. On y retrouve des sachets plastiques, des bidons, des restes d’aliments jetés du fond du car ou de son automobile. Ou encore des crachats en pleine circulation et des jets d’urine aux abords des chaussées et dans les caniveaux.
Sans compter les vendeurs à la sauvette qui laissent derrière eux des déchets après leur vente du jour. Seulement, tous ces déchets déversés ainsi sur les espaces routiers ne s’envolent pas. Ils trainent et s’éparpillent et se retrouvent pour la plupart dans les caniveaux qui se bouchent au final.
De passage aux abords de nos routes, il suffit de jeter un coup d’œil dans les caniveaux pour se rendre compte de l’immensité des déchets qu’ils contiennent. Du fond des caniveaux, les ordures puent. Cette puanteur devient encore plus insoutenable en période hivernale, sous l’effet des eaux de pluies. Celles-ci n’ont nulle part où s’écouler, car les caniveaux sont enfoncés. Elles stagnent sur les routes et dégradent petit à petit les chaussées.
L’incivisme en pleine ascension
On n’arrive toujours pas à comprendre que tout ce qu’on porte comme coup à la nature finit par nous revenir. On est impactés négativement par les attitudes qu’on pose au quotidien. On croit se débarrasser d’un déchet en le jetant dans la nature sur les routes, il finit par nous revenir d’une manière ou d’une autre. Cela contribue à réduire davantage les espaces de circulation et à mettre en danger les routes avec des caniveaux enfoncés par les ordures. « Avec la venue de Ozone Mali à Bamako, regrette un ami motocycliste qui nous raconte sa mésaventure au cours d’une causerie au grin, des poubelles étaient placées aux abords de certaines artères de la capitale. Il fallait juste s’arrêter à une poubelle, y mettre son déchet et continuer son chemin. Mais, c’était sans compter sur des Bamakois qui continuaient à ignorer les poubelles et jetaient toujours leurs déchets sur la route. »
Dans la circulation, un beau jour, il fut atteint au visage par un passager de sotrama qui jeta par la fenêtre du minibus une peau de banane et un sachet d’eau contenant encore des restes d’eau. Mon ami perdit l’équilibre de sa moto un bout de temps, avant de pouvoir s’arrêter à coups de zigzag. Le pire, dira-t-il, « le minibus continua son chemin, le chauffeur ne s’est certainement pas rendu compte du comportement de son passager qui, lui-même, n’a pas daigné signaler cela pour faire ralentir le minibus au moins, ne serait-ce que pour me présenter des excuses ».
Esprit de civisme et de responsabilité
Un tel scénario est monnaie courante sur les trajets de voyage où des passagers de car jettent par la fenêtre des déchets encombrants. Ceux-ci vont rester sur les routes, s’éparpilleront et finiront dans les caniveaux.
On pourrait mettre en place des poubelles ou créer des services de balayage routier pour faire face à la problématique de l’insalubrité sur les routes au Mali. Cela dit, ce dont on a le plus besoin face à la situation, c’est la présence d’un esprit de civisme et de responsabilité chez les usagers de la route.
Le bon réflexe de ne pas jeter des ordures dans la nature, de patienter pour atteindre la poubelle la plus proche et y mettre le déchet en main est le plus grand défi à réussir. C’est à partir de là que les poubelles auront toute leur utilité. Et cela aidera encore mieux les services de balayage routier dans leur travail de tous les jours.
La lutte contre l’abandon des ordures sur les routes doit passer aussi par les marchés, où toutes sortes de déchets sont collectées et entassées sur des dépôts improvisés aux abords des voies de circulation.