Le débat autour de la mise en place de la future transition laisse le risque d’un partage du gâteau. Pourtant, la situation actuelle pourrait être mis à profit pour amorcer le renouveau tant souhaité dans le pays.
Ce qui est perçu par nombre de Maliens comme l’occasion d’aller vers un renouveau ou encore une refondation ne devrait pas servir à l’accumulation de la prébende à quelques individus, qu’ils soient militaires ou civils. Or, le débat autour de la mise en place de la future transition laisse craindre le risque d’un partage du gâteau entre ceux qui revendiquent aujourd’hui la paternité des évènements qui ont conduit au renversement de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta, et tous les autres équilibristes qui ne souhaitent pas être à la marge de la gestion du pays.
Pourtant, le plus important est de bâtir un minimum de consensus politique, social pour affronter les défis urgents pour lesquels la transition devrait servir à dégager des pistes durables de solution. À cet effet, les clivages qui ont animé le climat sociopolitique ces derniers mois devraient se taire pour permettre de mener à bon port la nouvelle transition.
Prévenir une polarisation du débat
Il faut prévenir autant que possible une polarisation du débat entre vainqueurs et vaincus pour faire l’économie du temps et éviter d’éventuels blocages sociopolitiques. C’est plus que jamais le moment pour la majorité silencieuse des Maliens de faire entendre sa voix. L’enjeu exige aujourd’hui d’aller au-delà de la guerre de personnes, afin de s’accorder sur les priorités à traiter sans pression interne ou externe.
La fixation sur les profils devant conduire la transition, ou encore sur ce que le chercheur Baba Dakono appelle la « tyrannie du temps » sont de nature à dévoyer cette phase de remise en cause indispensable pour un nouveau départ qui doit être inclusif et fédérer toutes les composantes de la nation malienne sur la base de la compétence et de la probité intellectuelle et morale avérées.
Construire un consensus
Il faut prendre le temps nécessaire pour construire un consensus autour de ce que devrait être la transition et sa finalité au profit du peuple malien. Et ne pas reproduire des schémas qui ont conduit dans le passé à un changement de dirigeants sans toucher au système qui a perpétué ou exacerbé certaines pratiques de gouvernance ayant débouché sur la rupture du contrat social entre gouvernants et gouvernés.
Les attentes sont tellement grandes qu’il est impératif aujourd’hui de procéder à une introspection de notre vécu démocratique, institutionnel pour poser les jalons d’une nouvelle offre politique basée sur la redevabilité, l’exemplarité et les services au bénéfice des Maliens.