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Baba Dakono : les priorités de Boubou Cissé, c’est « rassembler et répondre aux attentes élevées des Maliens »

Il aura fallu quatre jours pour que le Président malien, Ibrahim Boubacar Kéïta, dit « IBK », trouve un successeur à Soumeylou Boubèye Maïga, qui a rendu sa démission dans la nuit du jeudi 18 avril. C’est Dr Boubou Cissé, jusque-là ministre de l’Économie et des Finances, qui le remplace à la primature, au bord du Djoliba (fleuve Niger).  Pourquoi la personne de Cissé ?  Quelles seront les priorités du nouveau premier ministre ? Décryptage avec Baba Dakono, analyste politique, chercheur au bureau de Bamako de l’Institut d’études de sécurité (ISS).

Benbere : Ibrahim Boubacar Keita a nommé un Premier ministre jeune qui est Boubou Cissé. Quel signal le président a voulu donner à travers ce profil  ?

Baba Dakono : Ce n’est pas la seule caractéristique de ce profil. C’est vrai, il est d’abord relativement jeune. Il a moins de cinquante ans. Il est technocrate, donc un peu au-dessus de la mêlée politique. Ensuite, il semble être accepté et par l’opposition et par la majorité. Le président a certainement exploité tout ce qu’il a de positif dans son profil. Même si tout ne l’est pas, parce qu’il s’est retrouvé au cœur du mécontentement de certains syndicats, notamment les enseignants signataires du « 15 octobre ». Donc, il vient avec beaucoup de forces, mais aussi avec quelques faiblesses qui ne sont pas en soi incontournables.

Quelles peuvent être les armes du nouveau Premier ministre ?

C’est surtout que le pays, dans sa situation actuelle, a besoin d’un Premier ministre rassembleur. Et comme je le disais, il semble être accepté par beaucoup. C’est un premier point.  Mais on sait que la crise actuelle va au-delà des acteurs politiques. On a vu le 5 avril un conglomérat de manifestants dont des religieux qui étaient d’ailleurs à la tête. Le rassemblement doit aller au-delà des acteurs politiques pour concerner les acteurs civils et religieux. Maintenant, il est important pour lui d’aller chercher le consensus au niveau de ces acteurs.

Vous dites que Boubou Cissé a été au cœur des contestations. Est-ce le choix de la continuité ?

C’en est une. Mais il aurait été très risqué d’aller vers une rupture. C’est vrai que les six premiers mois du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga n’ont pas eu les résultats escomptés, pour plusieurs raisons. Mais il avait mis en place une certaine ossature. Il y a des choses qui ont été faites. Donc, dans cette logique, il aurait été très difficile d’aller vers une rupture totale. Il fallait, de ce fait, rompre avec certains niveaux mais instaurer une certaine continuité. Et c’est ce choix qui est là. C’est pour cette option que le président a penché.

Quelles devraient être les priorités du futur gouvernement ?

D’abord, rassembler. Rassembler parce que nous avons une société profondément divisée. Pendant un contexte particulier, une situation très difficile tant au plan sécuritaire que politique. Donc, le premier aura pour mission prioritaire de rassembler les Maliens. Et ensuite, sans forcément hiérarchiser – les deux peuvent être faits en même temps -, c’est de répondre aux attentes qui sont très élevés des Maliens. Les attentes de sécurisation, les attentes d’amélioration de la gouvernance et des conditions de vie.

Cela sous-tend toutes les revendications sociales qu’on a vues et qui sont à l’origine de l’exacerbation de la tension sociale qu’on observe dans le pays depuis quelques années. Donc, prioritairement, rassembler et ensuite ou en même temps répondre aux attentes qui sont connues depuis 2013.

Propos recueillis par Diando

 

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Les commentaires récents (2)

  1. Il vient avec une deuxième faiblesse, sa proximité avec la « famille » IBK. Est-il capable de tenir tête à son oncle, inscrire son action dans une meilleure gouvernance, rompre avec le dispositif sécuritaire et de défense (et les hommes qui l’animent) qui est défaillant, sortir le Mali du « carcan » dans lequel la France et la Communauté internationale veulent le maintenir?…