Couples mariés : cachez ce préservatif que je ne saurais voir
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Couples mariés : cachez ce préservatif que je ne saurais voir

En public, son nom suscite rejet et honte. Il en est de même pour des couples mariés. Pourtant, le préservatif reste l’une des méthodes de contraception les plus sûres et sans effets secondaires malgré les clichés. 

« Dans la pharmacie, quand il y a du monde, il n’y a pas plus patient que quelqu’un qui vient pour acheter des préservatifs. » Cette blague, populaire au Mali, illustre à quel point le préservatif, malgré son utilité reconnue contre les Infections sexuellement transmissibles (IST) et grossesse non désirée, a une mauvaise image dans la société en général et particulièrement dans les couples mariés. « Le préservatif est le premier moyen de prévention utilisé dans le cadre de la lutte contre le VIH au Mali, explique Dr Moussa Sidibé, coordinateur de la clinique de santé sexuelle, site de prise en charge de ARCAD Santé PLUS. Dans tous les sketchs réalisés dans ce cadre depuis les années 1994, on parle du préservatif comme étant le moyen de protection et cela lui a valu une mauvaise presse. Surtout pour quelqu’un qui ne voit aucune raison de se protéger avant d’avoir des rapports intimes avec son époux ou épouse. »

Infidélité ou manque de confiance

« Mon mari n’a pas de problème avec l’utilisation du préservatif, mais à condition que moi-même j’aille l’acheter à la pharmacie et que je prenne l’initiative », confie Nassira. Après leur premier enfant, elle avait choisi la méthode de contraception stérilet qui a provoqué des petits saignements. Depuis, ils utilisent le préservatif en attendant d’opter pour une autre méthode moderne. Pour d’autres, comme Ousmane K., polygame, le préservatif diminue le plaisir dans un rapport sexuel. Et selon lui, « il est inadmissible et injuste d’imposer son usage à son mari. Car il est ton époux et il n’y a aucun risque à courir ».

Ousmane est loin d’être le seul à s’irriter à la seule évocation du préservatif. Contrairement aux idées reçues, nombreuses sont pourtant les épouses qui refusent l’usage du « condom » dans leur couple. Elles y voient soit un signe d’infidélité du mari, ou un manque de confiance à leur égard. « On utilise les préservatifs avec les travailleuses de sexe ou les ‘’tchizas’’, car elles mangent à plusieurs tables, pas avec son épouse légitime », soutient Fatim D., mariée depuis six ans. La jeune femme va encore plus loin en ajoutant que c’est carrément un manque de respect.

Les premières traces de protection du pénis, selon le site terpan.fr, remontent à l’an 6000 avant notre ère chez les Égyptiens. Ensuite, il a été utilisé comme moyen contraceptif, en papier de soie ou en tissu huilé, de soie ou de velours. En 1880, les premiers préservatifs en latex sont produits mais c’est en 1901 qu’apparaissent les premiers condoms aromatisés, colorés, aux formes et textures des plus surprenantes. Et puis en 1957 apparaissent les premiers capotes lubrifiés en Europe, d’abord au Royaume-Uni puis en 1961 en France.

Facteurs socio-culturels

Selon le rapport annuel de FP2020 datant de 2019, le taux l’utilisation du préservatif masculin au Mali est estimé à 1,6%. « Ce faible taux est dû aux facteurs sociaux culturels et la réaction des femmes qui viennent vers nous. Ce n’est pas du tout surprenant tenant compte de ces facteurs », explique Mama Sy, responsable de la division clinique à Association malienne pour la protection et la promotion de la famille (AMPPF). « Les client.es sont presque toujours hostiles à nos propositions d’utiliser les préservatifs au sein du couple. Ils expriment leur préférence pour le contact direct ou dans le pire des cas se sentent vexés et clament leur fidélité envers leur partenaire, leur bon état de santé », témoigne Mama Sy.

Ibrahima Traoré, chargé de programme jeune à PSI Mali, ajoutera que le préservatif a des avantages dans un couple. « C’est une méthode contraceptive qui peut aider un couple n’ayant pas adopté une autre méthode moderne. Si la femme ne supporte pas les autres moyens de contraception disponibles, il est également recommandé. Le préservatif permet aussi d’éviter une grossesse non désirée, protège contre le VIH et les autres infections sexuellement transmissibles. », a-t-il détaillé.

Dr Moussa Sidibé précisera que « l’usage du préservatif ou du PrEP est forcément recommandé dans les couples sérodiscordants pendant que la personne malade suit le traitement et en attendant qu’elle atteigne le stade d’indétectabilité ».

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