Éducation sexuelle : le pari du numérique au Mali
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Éducation sexuelle : le pari du numérique au Mali

Pour leur éducation sexuelle, les jeunes se tournent vers Internet : un pari risqué.

C’est une tendance planétaire. De nombreux jeunes, à travers le monde, s’initient à la sexualité via Internet, les réseaux sociaux ou des sites dédiés. En 2016, une étude menée par le Pew Research Center a démontré que 12% des adultes ont déjà utilisé, au moins, un site de rencontre.

Ils sont nombreux les jeunes et adolescents, au Mali, qui ont fait les premiers pas de leur vie sexuelle active à travers les bribes d’informations glanées çà et là sur Internet. Déjà, à l’époque des cybercafés, l’éducation sexuelle occupait l’essentiel du temps de connexion. Des jeunes, comme des moins jeunes, ont vite pris d’assaut ces espaces qui offraient une alternative au tabou social entourant la sexualité.

« Beaucoup d’adolescents venaient faire des recherches sur la santé de la reproduction. Ils visitaient des sites pour adultes », témoigne Isaac Diakité, qui gère depuis 15 ans un cybercafé à Torokorobougou.

Smartphone et Internet

Au-delà des plus jeunes, des adultes aussi utilisent les technologies de l’information et de la communication pour leur propre éducation sexuelle. Il n’est pas rare de voir certains historiques de recherche, au cyber ou dans les administrations, remplis de contenus pour adultes ou des recherches liées à la santé de la reproduction, assure Aboubacar Koné, informaticien.

Avec l’explosion technologique, plus besoin au cyber pour avoir des informations sur la santé sexuelle. Il suffit d’un smartphone, un ordinateur, une connexion à un réseau Internet. Et le tour est joué.

Dans ce « grin » à Bacodjicoroni, un quartier populaire de Bamako, une dizaine de jeunes entre 20 et 40 ans sont assis devant une maison. Ils y viennent pour discuter et « tuer le temps», dans un pays où le chômage des jeunes est endémique. Certains jouent aux cartes, d’autres ont les yeux rivés sur leurs smartphones.

Pour Tiémoko Koné, 30 ans, « les réseaux sociaux sont un lieu propice pour faire de nouvelles rencontres qui aboutissent souvent au mariage ». « Des applications comme Tinder, Baidoo ou Meetic sont conçues uniquement pour les rencontres amoureuses », ajoute Makan Cissoko, un membre du groupe qui confie avoir vécu plusieurs rencontres sans lendemains via les sites de rencontre.

L’efficacité du numérique

A.Y., étudiant à la Faculté de médecine de Bamako, a, pour sa part, un tout autre regard sur l’éducation sexuelle via Internet. Elle est à l’origine de la propagation de maladies sexuellement transmissibles comme la syphilis, la gonococcie ou encore le sida, estime le médecin en formation. Il reproche à de nombreux usagers des sites d’éducation à la sexualité d’en occulter l’aspect instructif.

Des spécialistes en santé sexuelle et reproductive, des ONG migrent vers des plateformes numériques comme Facebook, Instagram, Snapchat ou Myspace pour être plus près de leurs cibles. Les plus populaires sont au Nigeria. Au Mali également, on peut citer le « Pharmacien en ligne ». Ces plateformes donnent des conseils, assistent, sensibilisent et répondent aux questions individuelles.

Pour Dr Vamouty Bamba, coordinateur renforcement des capacités à l’ONG Marie Stopes Mali, le numérique est un outil de communication efficace pour toucher les jeunes en matière de santé sexuelle et reproductive. « Les jeunes adhérent aux messages, parce que c’est plus accessible », conclut-il.

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