TEMOIGNAGE – Fily, victime de violences conjugales
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TEMOIGNAGE – Fily, victime de violences conjugales

Nombreuses sont des femmes victimes de violences conjugales et qui préfèrent le silence et la résignation. Cependant, Fily, 24 ans, a décidé de parler de la violence dont elle a été victime de la part de son époux.  

Fily (nom d’emprunt) était une jeune femme pleine de vie, ambitionnant d’avoir une carrière professionnelle bien remplie. Diplômée en secrétariat de direction, elle exerçait un travail dans ce sens et avait un bon revenu par mois. Un jour, un de ses cousins la présenta à un ami, Oumar (nom d’emprunt). Ce dernier, à la vue de Fily, tombe amoureux d’elle et décide de l’épouser. Les démarches ont été ainsi entamées auprès de la famille de Fily, qui a posé ses conditions pour avoir la main de la fille. Oumar et sa famille ont accepté aussitôt toutes ces conditions, sans exception. Ce fut pour les deux amoureux le début d’une magnifique aventure qui s’annonçait très prometteuse. En effet, pendant ce temps, le futur mari de Fily se comportait en homme exemplaire et sans problème aux yeux de sa belle-famille. Il la gavait de présents et de surprises. Fily croyait ainsi avoir trouvé le prince charmant. Tout se déroulait comme dans un conte de fées.

Le mariage est célébré dans la bonne humeur, la gaieté et la joie totales. C’est après le mariage que Fily et son mari ont déménage à Ségou. Fily va perdre son travail à la suite de ce déménagement. Par ailleurs, quelques mois plus tard, à Ségou, la nouvelle mariée a entamé la recherche d’un emploi qui correspond à son domaine de formation. De ce fait, elle a déposé des demandes dans plusieurs structures de la place.

Fily arrive enfin à décrocher un emploi. L’annonce de cette bonne nouvelle, pour elle, n’a pas été bien accueillie par son époux qui lui a interdit aussitôt de travailler. Oumar a proposé à son épouse de choisir entre le foyer et le travail. Pensant que son mari plaisantait, Fily, un lundi matin, s’est levée tôt et s’est rendu à son nouveau service après le petit déjeuner.

Procédure de divorce

A son retour du travail, le soir, elle trouve son mari dans un état de colère inégalable. Après l’avoir pressée de questions, il s’est mis à lui donner des coups de pilon, provoquant des saignements abondants. Fily a perdu connaissance. Transportée à l’hôpital, le médecin l’a informé qu’elle était enceinte et qu’elle a perdu son bébé après qu’elle a repris conscience.

Après avoir subi toutes ces violences, Fily a eu des problèmes de fécondité. Elle commence à suivre le traitement d’un gynécologue à la suite duquel elle tombe enceinte. Elle se disait que cette grossesse serait l’occasion pour son mari de prendre soin d’elle. Mais tel ne fut pas le cas. Le mari, à l’insu de son épouse, a engagé une procédure de divorce. Fily ne l’a appris que le jour où elle a reçu une convocation du tribunal. Le jour de l’audience, son mari a affirmé qu’il ne l’aimait plus et ne voulait plus d’elle. A son tour, Fily l’a supplié devant le juge pour qu’il retire sa demande de divorce. Ému par les faits, le juge a décidé de ne pas prononcer le divorce.

Traumatisme

Depuis, Oumar a commencé à prendre ses distances avec ses petits frères et sœurs ainsi que Fily, son épouse. Il ne payait ni approvisionnement, ni électricité, ni frais pour le suivi de la grossesse. Des mois ont passé sans aucune nouvelle d’Oumar. Fily est toujours restée dans son foyer. C’est dans ces conditions qu’elle a donné naissance à une fille dans son salon, sachant qu’elle mettait en danger sa vie et celle de son nouveau-né.

Fily avait peur d’être indexée par la société, d’être cette femme qui n’a pas su garder son foyer, d’être la cause de l’humiliation de sa famille et ses propres progénitures. Elle avait peur d’être écartée de la société. Mais, elle finit par divorcer. Est-ce normal que la société incombe toutes les responsabilités à la femme ? L’homme n’a-t-il pas sa part de responsabilité dans le fonctionnement du couple ? Fily a été ainsi traumatisée psychologiquement et physiquement au point qu’elle n’arrive plus à s’investir à nouveau dans une nouvelle vie de couple.


Fatoumata Sanogo s’est classée 2e avec son billet sur les violences conjugales dans le cadre de la 6e édition du prix Boukary Konaté, du nom du premier président de la Communauté des blogueurs du Mali (Doniblog). Nous publions les billets des trois lauréats.

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