Le 18 août, un coup de force militaire a mis fin au pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keita, moins de deux ans après sa réélection en 2018. La classe politique est partagée entre condamnation de principe et réalisme.
Après trois mois d’impasse politique et sociale, caractérisée par des manifestations à Bamako, les militaires sont intervenus pour la quatrième fois depuis l’indépendance du Mali pour amener le président à démissionner. Après le coup de force militaire, le Conseil national pour le salut du peuple (CNSP) a rencontré les partis politiques.
Dès sa première déclaration, la junte a affirmé ne pas vouloir s’éterniser au pouvoir. Mais, elle semble vouloir faire volte-face en proposant, lors des discussions avec la mission de la CEDEAO, une transition d’une durée de trois ans, revue à deux ans aux dernières nouvelles, qui serait dirigée par un militaire. De son côté, la junte, à travers son porte-parole colonel-major Ismaël Wagué, a fait savoir que rien n’a pour le moment été décidé concernant la transition. « L’architecture finale de la transition sera discutée et définie par les Maliens », a-t-il indiqué le lundi 24 août.
Réaction mitigée
La réaction de la classe politique est mitigée. Apres le coup de force, plusieurs organisations politiques ont exprimé leur désaccord, condamnant une prise du pouvoir par d’autres voies que les élections. Le parti Yelema (le changement) de l’ancien Premier ministre Moussa Mara, le Parena (Parti pour la renaissance nationale) de Tiebilé Dramé, le ministre sortant des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, le PS YELEEN KURA de Amadou Koïta, ont tous condamné et demandé la libération du président de la République ainsi que toutes les personnalités aux mains des militaires.
Le Rassemblement pour le Mali (RPM), qui a porté le désormais ex-président Ibrahim Boubacar Keita au pouvoir, « prend acte de la déclaration du président de la République et condamne vigoureusement ce coup d’État», lit-on dans son communiqué.
Par contre, la Convergence des forces république (CFR), une organisation qui rassemble les mouvements et associations qui soutenaient le régime démissionnaire, « appelle tous les patriotes et républicains à faire barrage à ce coup d’État ».
Le pouvoir sera rendu aux civils
Le Comité national pour le salut du peuple (CNSP), dans sa première déclaration, a assuré qu’il ne voulait pas s’éterniser au pouvoir qu’il a promis de vite rendre aux civils. Pour rassurer davantage la classe politique, la junte les a rencontrés au ministère de la Défense où elle a expliqué le bien-fondé de leur coup de force.
Au sortir de la rencontre, Mamadou Bakary Sangaré, président du parti CDS Mogotiguiya, a déclaré qu’il avait demandé la libération des personnalités arrêtées et s’est dit « prêt à parler d’avenir » avec les nouveaux hommes forts du pays.
S’attaquer aux problèmes
Le président « IBK » et son Premier ministre Boubou ont quitté Kati où ils étaient détenus depuis le coup d’État grâce à la médiation de la CEDEAO. Les autres personnalités militaires et civiles seraient également dans de bonnes conditions de détention, selon les diplomates ouest-africains qui ont pu les voir ce week-end.
Le Mouvement du 5 juin–Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), l’Union pour la république et la démocratie (URD), le parti de Soumaïla Cissé, toujours porté disparu et l’Alliance pour la solidarité au Mali- Convergence des forces patriotiques (ASMA-CFP) saluent, quant à eux, la démission du président et appellent à vite s’attaquer aux problèmes du pays. En aucun moment dans leurs communiqués, ces partis ne condamnent l’action des militaires.