La présidentielle du 29 juillet 2018 approche à grands pas et les états-majors politiques s’activent pour leur positionnement. Le président sortant Ibrahim Boubacar Keita, candidat à sa propre succession, cherche des alliés pour assurer sa réélection. Si certains partis politiques ou associations ont résisté à cette bataille d’alliés, d’autres par contre se sont retrouvés en lambeaux, analyse le blogueur Abdoulaye Guindo.
Créées en 2013 et dirigées par l’ancien ministre des Domaines, Me. Mohamed Aly Bathily, les Associations Pour le Mali (APM) regroupent de plus de 800 associations « apolitiques ». A leur création, les APM s’étaient fixées comme objectif, entre autres, de soutenir IBK à la présidentielle de 2013, et elles ont joué un rôle déterminant dans son élection. Ce qui a permis l’entrée de son président, Me Mohamed Aly Bathily, au gouvernement comme ministre de la Justice, Garde des Sceaux, puis ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières.
Sorti du gouvernement en décembre 2017, Bathily décide dans la foulée de se lancer à la conquête du palais de Koulouba. Le hic est que certains membres influents des APM ont décidé de soutenir IBK contre la volonté de Bathily qui souhaitait une rupture claire et net. Finalement, c’est M. Bathily qui y a laissé des plumes puisque la réunion extraordinaire du secrétariat exécutif national des APM, tenue le 22 mars 2018, a décidé de le destituer de son poste de président. Donc, aujourd’hui, le mouvement est divisé à cause de celui pour qui il était né en 2013.
L’ADEMA aussi…
Suite au désistement du Pr Dioncounda Traoré à se porter candidat de l’ADEMA, 2ème force politique du Mali, le comité exécutif (CE) a, lors de sa conférence extraordinaire du 19 mai, décidé de soutenir IBK dès le premier tour. Cette décision qui s’était dessinée depuis plusieurs mois, a suscité une vague de contestations dans la ruche.
Après avoir pris en otage des membres du CE au siège du parti, pour exiger une candidature interne, les jeunes de l’ADEMA se sont une fois de plus massés devant l’hôtel Maeva, où se réunissait le CE. En plus du maire de Sikasso, Kalifa Sanogo, qui s’était déjà démarqué, Dramane Dembélé, le candidat du parti en 2013, a pris ses distances et annoncé son intention de se porter candidat. Le vendredi 25 mai, il a joint l’acte à la parole en se faisant investir candidat de la résistance de l’ADEMA. Conclusion, l’ADEMA se retrouve divisée à cause d’IBK.
Les communautés aussi…
Dans sa stratégie de séduction électorale, IBK entend obtenir l’allégeance des notabilités traditionnelles et des leaders religieux des grandes localités pourvoyeuses d’électeurs. Dans sa dynamique de rencontrer les notabilités de certaines de ces localités à Koulouba pour débattre de leur soutien, IBK semble avoir reçu les faveurs des notabilités de Koutiala, la 3ème ville la plus peuplée du Mali. Il n’en fallait pas plus pour qu’un parfum de division envahisse tout Koutiala.
D’ailleurs, suite à une émission publique de la radio Kayira de Koutiala sur ce soutien, les auditeurs n’ont pas hésité à s’en prendre aux notables de la ville, allant jusqu’aux injures. Mécontents, les notables portent plaintes contre la radio qui sera fermée par le préfet, avant d’être rouverte par un juge. Bref, Koutiala est aujourd’hui divisé suite à cette affaire de soutien à IBK.
Outre Koutiala, la localité de Kénièba est aussi passée par là. Le 29 mars, une délégation de notables de Kénieba, conduite par des responsables du Rassemblement pour le Mali (RPM) est reçue à Koulouba par le chef de l’Etat. La délégation, par la voix du député local, lui fera savoir qu’il peut compter sur le soutien des populations de Kéniéba. Cependant, il y a un problème; à Kéniéba, la population n’entend pas les choses de la même manière. Elle a ainsi apporté un cinglant démenti, le jeudi 5 avril, en organisant une marche pour dire NON à ce faux soutien transmis à IBK. Des milliers de manifestants ont battu le pavé à Kéniéba pour dénoncer l’attitude de certains responsables politiques et des notables de la localité.
IBK semble être le grand gagnant de ces nombreuses divisons, à moins que les opposants et tous ceux qui prônent l’alternance trouvent le moyen d’y résister.