Dans ce billet, le blogueur Bakaridjan Ka Bakary (Pseudo), donne son point de vue sur le projet de transformation du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) en parti politique.
Groupe armé signataire de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger et principal membre de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) a ouvert, samedi 23 octobre, les travaux de son congrès à Kidal. De tous les discours tenus à cette occasion, celui qui a le plus retenu l’attention est celui prononcé par le secrétaire général du HCUA, Alghabass Ag Intalla. Il annonce que « face à la réalité du terrain, et pour répondre aux aspirations légitimes de nos populations », le HCUA devrait « réfléchir » à mettre en place « une plateforme politique ». L’idée est, en clair, de porter sur les fonts baptismaux un parti politique, qui regrouperait le HCUA et les autres groupes armés de la CMA.
Ni cantonnés, ni désarmés
Problème : le HCUA, de même que tous les autres membres de la CMA, est un groupe armé qui, malgré la signature de l’accord, il y a bientôt cinq ans, n’a ni déposé les armes, ni cantonné ses combattants. Or, la charte des partis ne permet à aucun parti de porter des armes et prévoit même la dissolution de tout parti qui prône ou use de la violence. Mieux, le HCUA est soupçonné d’être le membre de la CMA le plus proche du chef terroriste Iyad Ag Ghaly. Son chef militaire n’était autre que Cheikh Ag Haoussa, un cousin et bras droit d’Iyad Ag Ghaly, mystérieusement tué il y a deux ans, dans l’explosion de sa voiture. L’ONU a même récemment sanctionné des responsables du HCUA pour avoir collaboré à des attaques terroristes contre les forces armées maliennes et internationales au nord du Mali.
Référendum d’autodétermination
Le commun des Maliens pourrait estimer, donc, que si le HCUA veut devenir un parti, il n’y aura personne, pas même le ministère de l’Administration territoriale, pour lui délivrer un récépissé de déclaration. Par ailleurs, il n’aurait aucune chance, même s’il obtenait un récépissé, de rivaliser avec les partis politiques traditionnels (RPM, URD, Adéma-PASJ, etc.). Sur le terrain électoral du Sud où vivent deux tiers des électeurs Maliens. C’est pourquoi, beaucoup pensent que le but réel du HCUA est de voir naître, à moyen terme, un groupe politique arabo-touareg, qui se dédierait à la conquête politique du nord du Mali, appelé par les ex-rebelles « Azawad ». Là, avec la peur qu’inspirent ses troupes (même éventuellement désarmées) et les moyens d’État alloués chaque année aux autorités intérimaires dominées par le HCUA et ses alliés, le fameux parti pourrait prospérer dans les urnes. Peut-être pour préparer un référendum d’autodétermination de l’Azawad ?