Pendant que des cultivateurs sont déjà à la tâche dans certains endroits du Mali, d’autres ne peuvent se rendre aux champs. À Bandiagara, dans la région de Mopti, les champs sont abandonnés dans plusieurs localités à cause de l’insécurité. La famine rôde.
Les premières pluies de l’hivernage sont tombées depuis un mois sur Bandiagara et ses environs, poussant des agriculteurs à prendre le chemin des champs dans certaines localités. Mais l’insécurité demeure l’obstacle entre les agriculteurs et les travaux champêtres. « Ma commune est composée de 24 villages et 19 hameaux. Seuls 4 villages, à savoir Anakanda, Djiguibombo, Daga et Ogossogou ont pu semer durant les trois dernières années», affirme Bogoum Kassogué, maire de la commune de Doucoumbo.
Le chef de la municipalité locale ajoute que dans les autres villages et hameaux de sa commune, les cultivateurs n’ont pu enfouir un seul grain de mil dans la terre. La situation est identique dans les autres communes du cercle de Bandiagara : « Chez moi, par peur, les paysans ont abandonné les champs reculés pour se contenter de ceux qui sont proches du village. », témoigne Hassana Guindo, chef du village d’Anakanda.
Risque de famine
À ce jour, selon les autorités locales, six villages du cercle se sont vidés d’une grande partie de leurs populations partie vers les grandes villes pour fuir l’insécurité. Difficile de parler, en ce qui les concerne, de retour au village pour les semailles. Les populations restées sur place ne peuvent plus aller aux champs. Les réserves qui se trouvaient dans les greniers sont souvent pillées et brûlées par les individus armés qui attaquent les villages.
Ces populations, sans les travaux champêtres et le jardinage, vivent sous le spectre de la famine et de la malnutrition. Dans cette situation, certains ont compris que seules la solidarité, la compassion et l’entraide pouvaient aider à tenir.
En octobre 2019, selon le Fond des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), 185 000 enfants souffraient de malnutrition aigüe sévère. Les régions du Centre du Mali sont les plus touchées en raison de l’insécurité.
Contribution financière
Pour certains ressortissants vivant dans les grandes villes, c’est devenu une obligation de subvenir aux besoins des parents restés au village. « À la fin de chaque mois, j’envoie de l’argent à mes parents pour qu’ils puissent acheter du mil et du riz », confie Youssouf Tembely, ressortissant de Pelou, dans le cercle de Bandiagara, commerçant à Bamako. En plus de la contribution financière pour soutenir la famille, d’autres donnent aussi de l’argent pour les déplacés de Bandiagara qui se trouvent à ATT-Bougou de Bandiagara.
Lors de son déplacement à Bandiagara, le 7 juin 2020, Moussa Timbiné, président de l’Assemblée nationale du Mali, avait rendu une visite aux déplacés. Il a profité pour faire un don de 1 500 000 francs CFA, selon Housseini Saye, maire de Bandiagara, qui a salué ce geste.