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A Kayes, l’avenir de Fatoumata hypothéqué par les travaux domestiques

Le blogueur Sinsin Salomon Tienou tire la sonnette d’alarme sur la situation des enfants dont l’avenir est hypothéqué, à travers l’histoire d’une petite fille du nom de Fatoumata qu’il a rencontrée à Kayes, à l’Ouest du Mali. Elle a 12 ans, née dans le village de Didian, dans le cercle de Keniéba. Fatoumata n’arrive pas à se concentrer sur ses études à cause des travaux ménagers qui occupent largement son temps.

« Mon père, je ne le connais pas », lâche la jeune fille avec une voix grave en essuyant  son fin et rude visage  à l’aide de son foulard. Depuis le bas âge, la petite Fatoumata a été confiée à sa grand-mère. Cette dernière vit à Kayes Niaganiaga. Elle n’y a appris que des travaux domestiques : la vaisselle, la lessive, le nettoyage, l’arrosage des jardins, les courses de la famille, etc. « Je pars puiser de l’eau dans un puits situé à 400m de chez nous, pour les besoins de la famille. J’aide ma grand-mère à faire la cuisine. Le soir, je vais  au jardin pour arroser les légumes et les plantes qui y sont. Là, également, je puise l’eau dans un puits, et, de retour, je remplis 2 fûts d’eau », ajoute-t-elle.

À l’âge de sept ans, contrairement à ses camarades d’âge, elle n’a pas été inscrite à l’école. Et ce n’est qu’à 12 ans que Fatoumata a eu la chance de fréquenter l’école grâce au projet gouvernemental « Programme d’accès à l’éducation de tous les enfants du Mali » (PACETEM). Même avec cette opportunité, elle n’a bénéficié d’aucun soutien de sa famille.
Malgré la volonté personnelle et l’envie, elle n’arrive pas à étudier à cause des travaux domestiques.

Selon un de ses enseignants, « c’est une enfant très calme, et cela n’est pas naturel chez elle. Non seulement, il y a le vide de l’amour de ses parents qu’elle n’a jamais rencontrés, mais aussi la lourdeur des tâches ménagères. Fatoumata ne fait pas plus d’une semaine sans tomber malade. Elle a toujours des maux de poitrine, des maux au cou ou encore de tête. » Au début, cet animateur du centre PACETEM de Niaganiaga ne comprenait pas et pensait souvent qu’il s’agissait de maladies imaginaires, avant de se rendre compte qu’elle croulait sous le fardeau, lourd pour ses épaules frêles, des tâches domestiques.

Avenir hypothéqué

Porter tous les jours de l’eau dans un pot de 20 litres sur la tête, arroser un périmètre maraîcher de 1/3 hectare ne sont vraiment pas des travaux pour une enfant de 12 ans. Quand on lui a demandé si elle s’était rendue dans un centre de santé pour recevoir des soins, sa réponse ne nous a guère surpris : « C’est ma grande mère qui me donne des médicaments traditionnels ». Pas la peine de lui  demander si elle ressent de l’amélioration, puisqu’elle ne guérit pas.

Dans ces conditions, Fatoumata ne pourra pas saisir cette chance qui lui a été offerte dans le cadre de ce programme. Mais son cas est une goutte d’eau dans un océan. Ils sont nombreux ces enfants dont l’avenir est ainsi confisqué.

Droits des enfants et hypocrisie

Pourtant, le gouvernement malien a ratifié beaucoup de chartes et conventions des droits de l’Homme en s’engageant à respecter le droit des enfants. Il y a beaucoup d’ONG nationales et internationales qui œuvrent dans ce domaine.

Nous sommes au 21e siècle et il est inconcevable que ces situations d’exploitation persistent. C’est simplement révoltant. Cela prouve à suffisance notre hypocrisie de vouloir montrer qu’on veut aider alors que nous ne le faisons vraiment pas. Il est temps de sortir de cette hypocrisie pour réellement aider ces enfants. Que les autorités du pays, qui sont les premiers responsables après les parents, agissent en garantissant l’égalité des chances.

Que certaines ONG qui prétendent être là pour protéger les enfants en pareille situation travaillent sur la base de la transparence et de la sérénité pour leur apporter de l’assistance. Malheureusement, ces ONG ne font souvent que de bons rapports derrière leurs écrans pour justifier leur budget consommé ; mais de l’autre côté de la rue, des enfants agonisent dans la faim et dans l’ignorance. Ils n’ont même pas droit à la santé.

Les leaders religieux et la société civile doivent jouer pleinement leur rôle pour sensibiliser et informer les populations pour, qu’ensemble, nous construisions une société de tolérance, une société solidaire. La phrase « l’avenir, c’est l’enfant » ne doit plus être un simple slogan, elle doit être mise en pratique dans son vrai sens.

Bravo aux Organisations comme Plan International Mali ! Et courage à tous ceux qui se battent réellement pour donner un meilleur avenir  aux enfants dans ce pays.

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