Pour de nombreuses filles en situation de handicap, le droit à l’éducation est entravé par une série de défis persistants. En dépit des progrès réalisés, ces enfants doivent redoubler d’effort pour continuer leurs études afin d’avoir accès à une éducation de qualité.
Au Mali, l’article 11 de la Constitution du 22 juillet 2023 reconnait : « Tout citoyen a droit à l’instruction. L’enseignement public est obligatoire, gratuit et laïc. L’enseignement privé est reconnu et s’exerce dans les conditions définies par la loi. » Cependant, les filles handicapées sont les véritables oubliés du système éducatif malien.
L’un des défis majeurs pour jouir de ce droit est le manque de sensibilisation et d’éducation au sein des communautés. Les handicapés sont souvent stigmatisés et confrontés à des préjugés tenaces, qui remettent en question leur capacité à suivre une éducation formelle. Aussi, les familles peuvent-elles hésiter à les envoyer à l’école en raison de ces préjugés. Souvent, pour surprotéger ces enfants, les parents décident de les garder à côté d’eux.
Se battre pour suivre
« Mon père n’a jamais voulu m’inscrire à l’école. Pas parce qu’il ne m’aimait pas, mais plutôt pour me protéger du monde extérieur », se souvient Kadidiatou Barry, présidente de l’Association des personnes de petite tailles et conseillère au Conseil national de transition (CNT). La femme indépendante en face de nous nous raconte son parcours plein d’enseignements.
Malgré l’opposition de son père, sa mère l’a inscrite à l’école. Les inquiétudes du papa se sont révélées fondées : « A l’école, j’ai tout de suite senti ma différence. J’étais persécutée, insultée et harcelée à longueur de journée par mes camarades, et certains professeurs soutenaient ces attitudes et y participaient même souvent. » Kadiatou Barry a dû se transformer en « guerrière » pour « survivre » à l’école.
Si Kadidiatou Barry a été instruite grâce à la perceverence de sa maman, Sountoura Coulibaly est celle qui a décidé d’enlever sa fille albinos de l’école. « Elle souffrait énormément du comportement des autres élèves. Au quartier, explique-t-elle, les gens ont appris à l’accepter mais à l’école après 6 années de scolarité, c’est toujours les mêmes plaintes. En plus, elle est très exposée car harcelée par les hommes adultes sur le chemin de l’école. » La meilleure décision, selon elle, était d’amener sa fille au marché pour l’aider à vendre ses poissons.
Manque de ressources
Les ressources limitées consacrées à l’éducation inclusive représentent également un obstacle significatif. Selon Mahamadou Diarra, professeur au groupe scolaire Karamoko Sangaré, « les écoles manquent de personnel formé pour répondre aux besoins spécifiques des élèves handicapés en général et les enseignants ne sont souvent pas préparés à adapter leurs méthodes d’enseignements pour inclure efficacement les filles handicapées non plus. » En plus de ces obstacles, il a également mentionné le faible intérêt de la société pour l’éducation des filles. « La société pense majoritairement que la place de la femme, c’est dans un foyer. Lorsqu’elles sont handicapées, on les encourage moins à faire de longues études », s’indigne-t-il.
La scolarisation au Mali est marquée par de profondes inégalités entre filles et garçons d’une part, et entre enfants en situation de handicap et les autres d’autre part. Dans un rapport d’Handicap International, il est mentionné que le classement de l’ONG ONE montre que le Mali occupe la 6ème position dans le classement des 10 pays où l’éducation des filles est la plus faible. Notre pays se situe aujourd’hui parmi les plus en difficulté dans la région sur le plan de l’éducation.