L’introduction de l’IA dans le journalisme divise. Entre scepticisme et enthousiasme, certains journalistes estiment que cette intégration soulève d’importantes questions éthiques, professionnelles et sociales qui demandent une réflexion approfondie.
Le journalisme, en perpétuelle évolution, voit l’arrivée de l’intelligence artificielle comme l’un de ses moteurs de changement majeurs. Cette introduction remet en question le modèle traditionnel et suscite un débat à l’échelle mondiale. Des médias comme le New York Times et Le Monde utilisent déjà des programmes d’intelligence artificielle pour proposer des articles, créer du contenu et analyser de grandes quantités de données.
En dehors de la rédaction, l’IA est également utilisée pour des tâches tels que la traduction, le sous-titrage et la vérification des faits. Au Mali, cependant, l’adoption de l’IA dans les rédactions est encore limitée. Sur les dix rédactions contactées, aucune n’a confirmé l’utilisation d’outils basés sur l’IA dans leur travail quotidien.
Cependant, certains journalistes, principalement indépendants, déclarent utiliser ces outils numériques à diverses fins. Le photographe Ousmane Makaveli affirme les utiliser pour générer des images d’illustration pour ses articles. Boubacary Bocoum indique s’en servir pour la recherche de nouveaux sujets.
Les critiques contre l’utilisation de l’IA dans le journalisme mettent en avant plusieurs préoccupations importantes. D’abord, il y a la crainte d’une paresse intellectuelle et d’une homogénéisation de l’information, ce qui pourrait conduire à une uniformisation et à une banalisation du contenu journalistique. Ensuite, il y a l’inquiétude quant au chômage potentiel que cette automatisation pourrait entraîner, surtout dans un contexte comme celui du Mali où les journalistes font déjà face à des difficultés économiques.
De plus, la fiabilité de l’information et l’éthique journalistique sont remises en question, car l’utilisation de l’IA peut compromettre la responsabilité des journalistes envers leurs lecteurs. Enfin, il est à souligner que l’IA est dépourvue de traits humains essentiels telles que la créativité, la pensée critique et l’empathie, ce qui pourrait affecter la qualité et la pertinence du journalisme produit.
Contrôle éditorial et l’éthique
Bien que l’utilisation de l’IA dans le journalisme présente des risques et des dérives potentielles, il est indéniable qu’elle offre également de nombreux avantages, notamment en automatisant des tâches, en analysant des données massives, en personnalisant l’information et en améliorant la productivité.
Massiré Diop souligne que l’adoption de ces outils est inévitable dans le journalisme et la vie en général. Il insiste sur l’importance pour les journalistes de s’approprier ces technologies et rappelle qu’« il est désormais très facile de se former en ligne ». Abdoul Salam Hama, cofondateur et directeur de Sahelien.com explique qu’« il utilise fréquemment les outils d’IA pour diverses tâches ». Selon lui, « le rejet de ces technologies est principalement dû à un manque de maîtrise et de formation ». Il encourage les journalistes à « explorer, tester ces outils, et se forger leur propre opinion pour ne pas être dépassés ».
Les outils d’IA peuvent aider les journalistes en automatisant certaines tâches, mais ces derniers demeurent essentiels pour leur analyse critique, leur créativité et leur empathie. Une collaboration entre les deux est nécessaire pour améliorer l’efficacité journalistique tout en préservant le contrôle éditorial et l’éthique.