Sorti en avril dernier, « AY », le nouvel album de la rappeuse malienne Ami Yerewolo, est un voyage musical et spirituel qui explore de nouveaux horizons.
Elle a jusque-là joué la carte de l’autoproduction avec sa structure Denfari, qui a produit ses deux albums Naissance et Mon combat, sortis respectivement en 2014 et 2018. Pour ce 3e album, la pionnière du rap féminin malien, Ami Yerewolo, a misé sur le label Othantiq AA de l’artiste camerounais Blick Bassy, s’affranchissant du machisme qui mine le mouvement rap.
AY, qui désigne les initiales du nom de scène de la rappeuse, compte 10 titres et combine intelligemment la musique électronique et les sonorités traditionnelles africaines. Une rencontre entre tradition et modernité, sublimée par une production innovante. AY est un véritable condensé de sonorités apaisantes.
Déjà, la pochette de l’album AY annonce les couleurs. A première vue, la prédominance de la couleur bleue capte. Y apparaissent 5 personnages jeunes, noirs, complices, habillés en différentes couleurs (rouge jeune, marron). Mais le bleu reste toujours dominant même sur un fond-arrière végétal où se mêlent, là aussi, le bleu et le vert. Le bleu est l’une des couleurs prisées dans le domaine des arts, symbolisant pour beaucoup l’élévation spirituelle et la divinité. Des mots qui trouvent toute leur place dans ce nouvel album. Le lien peut également être fait entre multiplicité des couleurs de la pochette et le contenu de l’album riche et varié.
Combats et spiritualité
Je gère, le premier single de l’album, soutenu par un beau clip, se dresse comme une dénonciation de la médisance et les commérages, qui peuvent porter préjudice. Elle y avertit ses détracteurs : « Ne ka vie toye, Laisses ! / I ma gninika, laisses ! / I da bô a la », qui peut être littéralement traduit comme suit : « Ne te mêle pas de ma vie/Ton avis n’a pas été demandé/enlève ta bouche dedans ».
Le titre Mama est un hommage à la femme, notamment la mère, qu’elle invite à respecter et à couvrir d’amour. Nous devons aussi chercher à obtenir sa bénédiction et en profiter tant que nous avons encore cette précieuse chance. Comme il est de coutume dans le rap, Ami ne manque pas de se vanter. Dans le titre egotrip Dowere flai (« En voici un autre »), elle y va de son éloge.
Sur le point d’abandonner
Ibamba est à l’image de l’amazone du rap malien, armée de détermination mais qui se trouve dans un environnement qui ne l’encourage pas dans son choix. Elle y chante le courage et la persévérance. Celle qui était sur le point d’abandonner avant sa rencontre avec son nouveau producteur est désormais plus que jamais déterminée à poursuivre une nouvelle aventure. Dans Doussou Souma, elle dénonce la méchanceté entre frères, amis, collèges qui, au lieu de s’entraider, s’entredéchirent.
Ce nouvel opus est une ouverture de l’artiste malienne au monde dans lequel elle explore de nouveaux horizons musicaux en passant par des influences afro-caribéennes, ghanéennes ou encore congolaises, mais teintées de pulsations maliennes. Sur le plan thématique, c’est une réussite. Ami y est libre et défend avec conviction sa vision du monde. AY est à découvrir absolument !