La pluie est considérée comme une grâce divine. Pourtant à Bamako, certains prient pour qu’il ne pleuve jamais par crainte d’inondations, écrit notre blogueur.
À Bamako, vaquer à ses occupations pendant l’hivernage est un véritable exercice gymnique. Après chaque grande pluie, les rues non bitumées ressemblent à de petites mares. Dans certaines localités, la population s’organise avec les moyens du bord pour remblayer les rues. Mais c’est peine perdue : à chaque précipitation, le ruissellement emporte tout. Les caniveaux deviennent des poubelles et l’eau cherche à se frayer un chemin.
Sur des voies bitumées, le goudron cède par endroit, on aperçoit des nids-de-poule au beau milieu d’axes reliant les quartiers de Bamako. Ces crevasses rendent certaines routes impraticables et très accidentogènes. Bakary Coulibaly, un chauffeur de Sotrama, témoigne : « Pendant l’hivernage, on peine à circuler. On peut faire 2h sur un aller simple. Notre trafic diminue, le chiffre d’affaires aussi. »
Constructions anarchiques
L’autre inquiétude, en période hivernale, c’est la récurrence de cas d’inondations. L’eau, en cherchant son chemin, finit dans les habitations où les constructions sont anarchiques. Niamokoro et Niarela, deux quartiers de Bamako, ont récemment subi des dégâts. Des ménages et commerces ont été durement touchés. « Je suis angoissé. Chaque fois qu’il pleut, l’’eau entre dans ma boutique. Seul, je ne peux pas curer le caniveau », se lamente un commerçant établi à Niarela.
À Sangha, quartier dans la commune rurale de Kalabancoro, le grand terrain du quartier devient impraticable pendant l’hivernage. On arrive plus à y jouer au football. « Chaque année, c’est le même cauchemar, la moitié du terrain est injouable, on fait de notre mieux pour régler la pente du terrain. Mais je pense que c’est à la mairie de s’occuper d’une place publique », interpelle l’entraineur de l’Etoile sportive de Kalabancoro (ESK).
Multiplication des cas de paludisme
Des usagers du marché se plaignent également. Mariam Sacko, vendeuse au marché de Hérémakono, dans la commune de Kalabancoro, exprime son ras-le-bol : « Tous les jours, on paie 50 francs CFA à la mairie. C’est le moment pour elle de faire son devoir. Nos hangars sont détruits à chaque pluie. On en a marre. » L’accès à certains emplacements est pénible. Les couloirs du marché sont boueux. Des étals dressés dans l’eau…
Par ailleurs, la saison des pluies est propice à la prolifération de moustiques, vecteurs du paludisme. Fatoumata Doumbia est une agente exerçant dans un centre de santé communautaire. Selon elle, les cas de paludisme se multiplient pendant l’hivernage. « Cela est dû à la forte insalubrité », explique l’infirmière.
S’organiser pour « préserver des vies »
Toutefois, des jeunes s’organisent pour prévenir les effets liés aux averses. Dimanche 31 mai 2020, des jeunes de Torokorobougou, en commune V du district de Bamako sur la rive droite du fleuve Djoliba, ont organisé une journée de curage des caniveaux. Mamadou Diabaté est l’un des coordinateurs de cette activité. Pour ce jeune homme, il est important d’amplifier ce genre d’action. Puisqu’attendre les autorités expose aux dégâts. Il encourage d’autres jeunes à les imiter afin de « préserver des vies ».
Comme l’enseigne un proverbe célèbre, « que chacun balaie devant sa porte et les rues seront nettes ». On ne saurait tenir les pouvoirs publics pour seuls coupables. Les premiers responsables sont les citoyens. Chacun a le devoir d’assainir son espace. Tant que les collecteurs, les rues et les espaces publics demeurent des dépotoirs d’ordures, il sera difficile de trouver une solution pérenne aux inondations cycliques.