Travailleuses saisonnières à Bamako, les jeunes paysannes de Baguineda mènent une vie de galère pour pouvoir venir en aide à leurs familles, à travers notamment des équipements agricoles visant à accroitre les rendements et lutter contre l’insécurité alimentaire.
À Baguineda, située à une trentaine de kilomètres de Bamako, l’hivernage est synonyme de calvaire pour les jeunes femmes travaillant la terre aux côtés de leurs époux ou parents. Elles constituent une main-d’œuvre agricole importante à toutes les étapes des travaux champêtres. Et tentent de compenser le manque d’outils agricoles : rareté d’animaux de trait, des tracteurs ou encore de charrues nécessaires à l’accroissement des rendements agricoles.
L’inadéquation des moyens de production agricole y est à l’origine de l’exode rural de jeunes filles. Les femmes sont prêtes à tout pour assurer l’autosuffisance alimentaire. Elles s’endettent souvent pour faire le voyage sur Bamako où elles travaillent comme aide-ménagères.
Situation d’injustice
Il leur est souvent difficile de convaincre les parents sur les motivations de l’exode dans la capitale malienne. Mais face aux difficultés et l’absence d’activités génératrices de revenus, ceux-ci finissent par céder. Une fois en ville, les démarches pour trouver du travail peuvent durer des semaines. Entre-temps, elles sont accueillies par des connaissances qu’elles doivent rembourser après.
Entre juin et juillet, les travaux champêtres reprennent au village. Il faut alors retourner avec de l’argent et des matériels agricoles. Les jeunes filles sont, à cet effet, confrontées à un dilemme déterminant leur trajectoire future : retourner au village les mains vides ou continuer d’être exploitées en ville.
Dans la mesure où beaucoup d’entre elles sont vulnérables et méconnaissent les structures de défense des droits des femmes pourtant très intéressées par cette situation d’injustice silencieuse. De même, elles ne sont pas constituées en associations villageoises structurées, pouvant faciliter leur réparation en cas de préjudices. « Je suis venue travailler à Bamako pour aider ma famille à se procurer un bœuf, des outils agricoles modernes, car au village nous travaillons à la main. Ce qui impacte notre rendement agricole. Et maintenant, ma patronne me dit que mes salaires ne sont pas disponibles. Pourtant, je dois rembourser celles qui m’ont accueillie, et retourner au village pour la culture », confie une assistante ménagère.
Retour désolant et obligatoire
Nombreuses sont ces jeunes qui ajournent leur retour au village à cause des difficultés. « Je suis dans un état de désolation, car la raison de ma venue à Bamako n’a pas été productive. Ma patronne ne m’a pas encore payée, je l’ai quittée pour une autre car elle m’a donné un délai de paiement très long. », confie Binou, une autre aide-ménagère.
Par ailleurs, des ONG de défense des droits des femmes dédiée à la protection de cette couche fragile se heurtent à des obstacles pour leur venir en aide. Les victimes saisissent rarement les ONG en cas de problèmes, craignant de perdre leurs postes.
« Le travail d’aide-ménagère est sujet à beaucoup de tracasseries à Bamako. Les employeuses ne sont pas toutes crédibles envers leurs employées. Nous avons travaillé sur de nombreux cas de retard concernant les paiements de salaires. Mais, il est difficile de dissuader les aides ménagères de quitter les patronnes insolvables au motif qu’elles perdraient plus », témoigne une responsable d’ONG.
L’exode des jeunes femmes est un enjeu de taille dans le monde rural, particulièrement dans la commune de Baguineda où leur apport est déterminant dans la production des richesses et des moyens de subsistance. L’État, à travers l’Office du périmètre irrigué de Baguineda (OPIB), doit envisager des mécanismes de subvention des paysans aux conditions modestes.