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Ces aide-ménagères qui sont à leur patronne ce que l’âne est au charretier

Elles se lèvent très tôt le matin quand tout le monde dort encore. Elles balaient la cour, lavent les assiettes, les habits et font à manger pour toute la famille pendant que les grandes filles de la maison sont scotchées à leur téléphone dès leur réveil. 7 jours sur 7, pour des salaires qui varient entre 5 000 francs CFA et 15 000 francs CFA le mois. Aucun droit pour ces filles qui sont pourtant aussi les enfants d’autrui, déplore le blogueur Issouf Kone.

Ceux qui savent à quoi ressemble le supplice que les charretiers de chez nous font subir à leur âne peuvent comprendre à quel point certaines bonnes souffrent ici à Bamako. Un « je-m’en-foutisme » incroyable vis-à-vis de ces dernières. Tout ce qui intéresse les patronnes, c’est leur ménage bien fait et vite fait. « Je gagne 10 000 francs le mois. Ça fait deux ans que je travaille comme bonne. Je n’ai pas étudié et je suis issue d’une famille qui n’a pas les moyens de m’offrir mieux », me confie Assetou, aide-ménagère à Kalabancoro, au sud-est de Bamako. La jeune fille ajoute qu’elle n’est pas bien traitée et que cela lui fait tellement mal. Elle qui, en venant du village, croyait qu’elle vivrait dans de bonnes conditions puisqu’elle allait travailler pour un membre de sa grande famille, une tante maternelle.

Eh oui, le pire est que ces filles, parfois, sont avec des frères, des sœurs, leurs parents. Et parmi elles, beaucoup de mineures, qui font de dures corvées comme tirer l’eau tous les jours à la charrette.

Awa, une autre aide-ménagère qui touche 15 000 francs CFA le mois confie qu’elle ne connaît pas le mot « répit » : « Je dors à 23 heures, je me lève à 5 heures, quelques rares fois à 6 heures du matin, car ma patronne ne doit pas se réveiller et constater que la cour n’est pas encore balayée. » Elle ajoute que celle-ci n’hésite pas à lui rappeler qu’elle ne travaille pas gratuitement : « Tu es payée ou pas ? Estimes-toi heureuse car une femme de ménage qui gagne 15 000 francs ici à Bamako a beaucoup de chance. »

« Logées, habillées, nourries, soignées » ?

Ces filles ne sont pas des esclaves et doivent être traitées avec beaucoup de considération, confiais-je à un voisin qui m’a fait entendre que j’appréhendais mal la situation. Il a ensuite enchaîné une multitude d’arguments visant à me faire comprendre qu’elles ont de la chance : « Écoute moi bien, ces filles sont logées, habillées, nourries, soignées. Tous leurs petits besoins les plus élémentaires sont pris en charge, dans les normes pourquoi les payer encore à la fin du mois d’ailleurs ? Tu crois qu’elles peuvent s’en sortir financièrement si on doit leur donner un salaire même de 100 000 francs CFA et leur demander de se prendre en charge ? C’est-à-dire payer un loyer, la nourriture, se soigner en cas de maladie et j’en passe… »

Les bonnes ont aussi des droits

Apparemment, c’était lui qui ne voulait rien comprendre à mon avis. « Je pense que le salaire est faible même si ces filles sont prises en charge et ce que je déplore, c’est surtout la surexploitation », ai-je rétorqué. Prendre une personne en charge n’est pas une raison pour la traiter comme une esclave. Ce n’est pas évident pour tout le monde de travailler au quotidien de 7 heures à 23 heures. Il parle de prise en charge alors que nous savons tous dans quelles réalités elles vivent.

Elles ne sont même pas soignées comme il le faut en cas de maladie, ni nourries à la hauteur des efforts accomplis. A propos de nutrition, c’est à la bonne qu’on demande généralement de manger la nourriture de la veille quand tous les autres membres sont sur les nouveaux plats le matin. Beaucoup d’aides ménagères, appelées communément « 52 » dans le jargon bamakois, vadrouillent à travers la ville comme des sans parents. Quelque chose qui, à chaque fois, me fait beaucoup de peine quand je les vois.

Je salue au passage l’association pour la défense des droits des aide-ménagères et domestiques, qui fait de son mieux pour que leurs conditions s’améliorent. Je demande aux patronnes de considérer ces filles comme les leurs. De ne pas accepter de basculer dans la surexploitation. Elles ont droit à la sieste, au repos à partir d’une certaine heure, à une bonne nutrition et à des soins adéquats.

En ce 8 mars, rendons leur particulièrement hommage !

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Les commentaires récents (3)

  1. J’appelle leur situation de l’esclavage moderne. Tout monde le voie mais personne ne parle. Leurs patronnes ont pour argument qu’elles les logent, les nourrirent, etc, n’est pas vrai, on sait tous ceux que vivent ces personnes là à Bko, elles sont inhumainement traitées, elles n’ont aucun droit seulement des devoirs. Sans cette couche sociale la plupart des foyers de Bko seraient être brisé, quant on ne peut pas les payer convenable, il faut au moins les respecter en tant qu’ être. Quand les non africains le font, on appelle ça ségrégation ou racisme envers la peaux noir et pour tant on le fait entre nous africain, il faut que ça cesse, elles sont des travailleuses, comme toi aussi tu es travailleuse ailleur, la façon dont ton employeur te respecte là-bas, il faut les respecter chez toi aussi de même. Les personnes censées( les imams, les politiques, les juges, le gouvernement) de lutter ces genres de pratique dans nos sociétés, en ont une ou deux voir même trois chez eux et qui travaillent dans les conditions que toutes autres, peuvent faire quoi pour résoudre ce phénomène, au contraire c’est une situation qui les arrange.Ce que je sais qu’à même, le bon Dieu ne va jamais laisser ces injustices impunies.