#DjanwKaoural : quel sort pour les veuves et enfants de « djihadistes » ?
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#DjanwKaoural : quel sort pour les veuves et enfants de « djihadistes » ?

Il faut envisager des mesures d’accompagnement et d’encadrement des épouses et d’enfants nés d’union avec de combattants extrémistes violents pour leur « resocialisation ».

Voilà dix ans que le Mali se bat contre le phénomène de l’extrémisme violent, qui recrute ses membres parmi ses fils, ses voisins et d’autres moudjahidines en quête d’espace de conquête. Dix ans que nos frères égarés se sont enrôlés, ont fondé des foyers, conquis des villages au nom de Dieu et de la kalach !

Dix ans que nos lointaines contrées ont échappé au contrôle de l’État et sont sous la coupe réglée des « hommes de la brousse », comme on les appelle chez moi, à Mopti. Dix ans enfin que des familles, des fils et filles d’un même village se sont tournés le dos sur fond d’amalgame et d’instrumentalisation.

Stratégies des alliances matrimoniales

Alors que la lutte antiterroriste se prolonge et s’enlise, des centaines de femmes et d’enfants se trouvent piégés dans cette guerre, se pose la lancinante question sur le sort réservé aux épouses et enfants de « djihadistes ». Quels mécanismes sont prévus pour la prise en charge juridique et psycho-sociale de cette population ?

D’autant que nombre d’études, réalisées au cours de ces dernières années, ont montré que les groupes extrémistes violents ont eu recours à la stratégie des alliances matrimoniales pour s’implanter. Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) par exemple, membre de la coalition Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), aurait encouragé ses combattants à se marier au sein des populations locales du nord du Mali. L’auteure du rapport Alliance stratégique. La part des femmes dans l’implantation des djihadistes au Mali explique qu’à l’époque, au sein du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), des combattants de diverses nationalités (maliens, afghans, cap-verdiens, algériens, pakistanais, burkinabè) ont noué des mariages, religieux, dans la région de Gao, qui ont été de courte durée. La même stratégie a été mise en œuvre dans les régions du centre du Mali.

Pour lutter efficacement contre le terrorisme, en particulier au centre, il faut envisager des mesures d’accompagnement et d’encadrement des épouses et d’enfants nés d’union avec de combattants extrémistes violents pour leur « resocialisation ». Aussi, au niveau communautaire, des initiatives de réintégration et d’acceptation des enfants et veuves des combattants pourraient servir à la consolidation de la paix sociale et à la tolérance à l’égard des victimes prises au piège par les groupes armés qualifiés de djihadistes.

Accompagner et encadrer

Ainsi, les autorités réduiront considérablement les capacités de recrutement des groupes extrémistes, en proposant des perspectives d’avenir plus radieuses aux jeunes susceptibles de rejoindre ces groupes.

C’est un chantier difficile dans la mesure où les préjudices causés par l’activisme des groupes sont encore vivaces dans la mémoire des habitants des localités sous leur contrôle. Mais, c’est un sacrifice qu’il faut consentir pour le retour de la paix et la cohésion sociale au Mali.

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