Au Mali, l’univers des mototaxis a poussé comme un champignon. Les tricycles ont de plus en plus les faveurs des populations, notamment dans les localités où les transports en commun ne desservent pas, donnant ainsi de l’emploi, quoi que précaire, à de nombreux jeunes. Mais, pour le blogueur Aliou Diallokei, il est temps de réguler leur circulation.
Les tricycles contribuent énormément à faciliter la mobilité des hommes et des marchandises. Ils sont partout, dans les grandes villes comme dans les coins reculés. L’état de la route, bon ou mauvais, n’empêche pas ces engins d’aller déposer le dernier client à la dernière porte du quartier, ou bien de transporter des produits vivriers d’un lieu à un autre. Auparavant, ce marché était occupé par des charretiers. Aujourd’hui, les tricycles ont pris le contrôle.
Boubacar, qui se nourrit de sa charrette depuis de longues années, déclare : « C’est difficile pour nous car les mototaxis sont plus rapides, avec une capacité de transport assez importante. Donc, on gagne moins qu’avant leur arrivée ».
Les tricycles ont pris le contrôle
Adama Coulibaly, un jardinier, explique que l’arrivée de ces engins leur a fait du bien car les mototaxis, aussi appelés « katakatani », vont dans des endroits où les Sotrama (transports en commun) n’arrivent pas : « Il fallait marcher de Senou à Diatoula, une distance de 5 km environ sinon avoir une moto. Mais depuis l’arrivée des katakatani, nous allons et retournons sans inquiétude et cela pour 100 FCFA uniquement ».
Maïmouna est une vendeuse de poissons au marché de Banankoro. Elle raconte que sans les tricycles, son commerce ne marcherait pas : « Ce sont eux qui nous transportent, nous et nos produits à moindre coût et je n’ai jamais eu de souci avec eux ».
Tracasseries policières
Mais la vie de conducteur de mototaxi n’est pas du tout facile à Bamako, car plusieurs voies leur sont complètement ou partiellement interdites. Vendredi 8 février, vers 18h, une vingtaine de tricycles, chargés de produits en tous genres, sont stationnés à l’entame du pont Fahd. « Nous attendons que les autres finissent de passer, c’est l’heure de la descente, une mesure mise en place depuis déjà quelques mois. C’est une mesure injuste, mais que pouvons-nous faire ? », raconte Bourama Koné, conducteur de tricycle.
Pourtant, le travail de conducteur de mototaxi fait vivre beaucoup de familles. « J’ai une famille que je nourris seulement avec ma moto », ajoute Bourama Koné. Un autre conducteur, visiblement plus âgé que Bourama, affirme qu’il gagne entre 10000 et 15000 FCFA par jour en moyenne, sinon plus.
Conduire un tricycle est néanmoins un calvaire, confient plusieurs conducteurs, car même si tous les documents sont en règle, pour une raison ou une autre aussi minime qu’elle puisse être, ils disent subir le racket des policiers de la circulation routière. Un policier qui a requis l’anonymat raconte : « Les conducteurs de mototaxi ignorent le code de la route. Ils ne respectent pas les règles essentielles de conduite ».
Le fait est qu’on n’a pas besoin d’un permis pour conduire un tricycle. Les conducteurs n’en possèdent pas. Dans la circulation, il est fréquent de voir des mototaxis chargées de façon à créer des situations d’insécurité, et cela n’arrange pas du tout leur image. Les accidents dans lesquels ils sont impliqués sont fréquents du fait de leur poids léger. Ils perdent facilement le contrôle dans les virages, les percussions ou les crevasses, à cause des surcharges.
Régulation
Vu l’importance de ces tricycles, qui permettent de faire vivre des familles entières, les autorités, à mon avis, doivent penser à la régulation de leur circulation. C’est mieux qu’une interdiction, comme certains le veulent, car le taux de chômage chez les jeunes est tellement élevé qu’à mon avis aucun secteur pourvoyeur d’emplois ne doit être négligé. Les autorités peuvent tout simplement rendre obligatoire le permis pour conduire une mototaxi. Et pour encourager les uns et les autres, elles pourraient procéder, pour un début, à une remise gratuite de ces permis et la vague suivra.