La pandémie de Covid-19 a porté un coup dur aux efforts de la lutte contre le paludisme.
Cet article a d’abord été publié par le journal Mali Tribune.
Depuis les premiers jours de la pandémie, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et ses partenaires ont exprimé leur inquiétude au sujet des mesures de confinement et d’autres restrictions. Leur crainte était que celles-ci n’entraînent des perturbations majeures dans les services de base chargés de la prévention, de la détection et du traitement du paludisme. En mars 2020, l’OMS a publié une déclaration exhortant les pays à maintenir les services de lutte contre le paludisme, tout en veillant à ce qu’ils soient déployés de manière à protéger les soignants et les communautés contre toute transmission éventuelle de la Covid-19.
Selon les données de l’Enquête démographique et de santé du ministère de la Santé et du Développement social, le taux de prévalence du paludisme est de 19% au Mali. Dans le même document, les régions les plus touchées par cette maladie sont Sikasso avec 30 %, Ségou 26 % et Mopti 25 %. « Chaque année, des moustiquaires sont données aux ménages pour les enfants de 3 à 7 mois. Des messages de sensibilisation sont élaborés sur le lavage des mains et le respect des mesures barrières », explique Mory Camara, chargé de communication au programme paludisme au ministère de la Santé et du Développement social
En ce qui concerne la campagne de lutte contre le paludisme, des moustiquaires ont été distribuées en 2020 dans 4 régions du Mali, à savoir Sikasso (2 133 108), Mopti (1 589 748), Kayes (1 601 729) et Koulikoro (2 103 179).
« Une quantité a été donnée à la population de Bamako aussi et les sketches de sensibilisation ont été faits », ajoute Mory Camara. « La Covid-19 a eu un impact considérable sur la lutte contre le paludisme. Tout d’abord, la population ne participait pas, car la majorité pensait qu’une fois à l’hôpital, on serait testé positif à la Covid-19. Les populations ne parvenaient pas à comprendre », explique Abdoulaye Kaloga, médecin généraliste au Centre de santé communautaire de Taliko.
« Négligence de l’État »
Des moustiquaires ont été distribuées dans les centres de santé à destination des femmes enceintes surtout, et les enfants de moins de 5 ans. Notre interlocuteur soutient que des actions réelles sont entreprises pour la lutte contre le paludisme. Parmi celles-ci, la sensibilisation par les médecins des patients qui passent dans les centres durant leur consultation. En 2020, la Covid-19 est venue s’ajouter aux obstacles de taille que la riposte contre le paludisme dans le monde doit surmonter.
Le paludisme bat son plein durant cette période hivernale dans notre pays. Dans chaque famille, il y a une ou plusieurs personnes atteintes. Elle a fait et continue de faire des victimes, et touche surtout les enfants.
Les raisons liées à la transmission sont assez préoccupantes pour une grande partie de la population, qui, pour la plupart, pense qu’il y a une négligence de l’État. « Je doute que l’État se soucie encore des malades atteints de paludisme, estime Diallo Zeïna Touré, ménagère. Nous voyons à longueur de journée des ordures partout en ville. Comme si cela ne suffisait pas, s’ajoutent les eaux usées. A mon avis, il est impératif de prendre des mesures drastiques pour que les fosses soient dégagées comme il se doit et que des campagnes de sensibilisation soient mises au point. Plus que jamais, nous devons tous nous aligner autant que nous sommes pour lutter contre le paludisme. »
Prévenir et guérir
Pour sa part, Adama Sidibé, peintre, pense que les gens doivent se faire consulter régulièrement pour une meilleure prise en charge. Depuis le début de la pandémie, même avec les anomalies les plus graves, les gens banalisent et ne vont pas à l’hôpital. Pourtant, cela est important. « Je trouve que les autorités sont tellement préoccupées par la Covid-19 qu’elles ont mis de côté la lutte contre le paludisme. Nous, les jeunes, avons certainement besoin de beaucoup d’attention pour prévenir et guérir cette maladie », dénonce Mariétou Coulibaly, étudiante.
« Même l’année dernière, à pareil moment, j’étais malade et c’était le paludisme. Tous mes amis ont aussi le palu. On attend tout le temps que les autorités ont fait dons de moustiquaires, mais je n’en ai jamais reçu », s’indigne Z. Sacko, atteint de palu.
- Cet article a été publié avec le soutien de JDH Journalisme pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada.