L’Académie des sciences du Mali (ASM) a dressé l’état des lieux de la situation de la pandémie de Covid-19 dans le pays, au cours d’une conférence de presse tenue le 30 octobre dernier, à la Faculté des sciences économiques et de gestion de Bamako (FSEG).
Seulement 1,3% de la population malienne est complètement vaccinée contre le coronavirus, soit 265.740 vaccinations complètes sur un total de plus 585 000 doses administrées. La réticence à la vaccination est renforcée par les rumeurs sur la maladie, estime Mahamadou Théra, enseignant de parasitologie mycologie à la Faculté de médecine et d’odonto-stomatologie (FMOS).
« S’il y a un moyen plus efficace contre les infections, c’est bien la vaccination. C’est grâce à la vaccination que l’on peut éliminer les maladies infectieuses », explique Boureima Kouriba, maître de conférences, agrégé d’immunologie à la Faculté de pharmacie qui rappelle que la vaccination a joué un rôle important dans l’éradication de la variole et la poliomyélite, en voie de disparition. « Plus il y a des personnes vaccinées, moins il y aura d’infections », précise l’enseignant-chercheur.
Grande contamination
Au cours de cette conférence de presse, à laquelle ont assisté les ministres de la Santé et du Développement social, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, les chercheurs se sont également penchés sur les rumeurs qui font croire le virus serait sensible à la chaleur. Pour le professeur Kouriba, « c’est possible mais pas avéré ». Si tel est le cas, poursuit-il, les régions comme Tombouctou seraient totalement épargnées, alors que 50 cas y ont été enregistrés en un seul jour. Il se peut que ce soit notre environnement qui nous protège contre la grande contamination. Mais « aucune étude n’a déterminé pourquoi la pandémie n’est pas aussi ravageuse chez nous comme sur les autres continents », a-t-il indiqué.
L’efficacité du vaccin et le cas des femmes enceintes sont aussi des points qui ont été évoqués. Selon le professeur Kouriba, l’efficacité contre l’infection est relative. Toutefois, il faut retenir que « les vaccins sont efficaces par variant. Tous les vaccins ne sont pas efficaces pour tous les variants ».
Investir dans la recherche
Quant aux femmes enceintes, « tous les experts sont d’accord qu’il faut vacciner les femmes enceintes quel que soit le niveau de la grossesse », précise l’un des académiciens, le professeur Hamar Alhassane Traoré. Aussi, faut-il le préciser, le gouvernement du Mali n’a pas encore permis la vaccination des femmes enceintes à cause de toutes les rumeurs qui circulent.
Selon le professeur Thera, la pandémie peut être une opportunité pour les États africains. Une opportunité de montrer que l’Afrique a la possibilité de fabriquer son propre vaccin. « S’il y a la volonté politique, l’Afrique peut produire des vaccins contre la Covid-19 », affirme-t-il. Dans la même logique, Pr Rokia Sanogo, membre de l’ASM, a invité le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique à investir dans la recherche pour pouvoir aider les chercheurs à approfondir les recherches afin de trouver réponses à certaines questions.