Porté très souvent par les femmes du Nord, le dampé est de plus en plus en vogue. Il fait même désormais partie de la garde-robe des femmes de la capitale malienne, selon la blogueuse Mama de Baco.
En arabe, « Melhfa » signifie « couvrir », « envelopper ». C’est aussi l’autre nom du dampé, dans les communautés arabes. Proches du Maghreb, les femmes des régions du nord du Mali ont commencé à s’intéresser à ce tissu. Par la suite, celles des autres localités ont commencé à en raffoler, surtout les nouvelles générations urbaines. Le tissu, facile à enfiler, mesure en général 5 mètres.
Une anecdote, entendue plusieurs fois, raconte que lorsqu’une jeune fille enfile le dampé, certains en déduisent un état de grossesse. Le tissu l’aiderait à cacher son ventre ou sa grossesse, au moins pour un temps. Mais désormais, le tissu, l’équivalent du sari en Inde, est porté par les coquettes dans un souci purement esthétique.
Hadizatou Hamma, vendeuse de dampé, s’est installée dans la capitale malienne, Bamako, pour se consacrer à son commerce : « Avant, explique-t-elle, ce tissu était uniquement porté par les femmes de chez moi, au Nord. Aujourd’hui, je peux dire que les femmes des autres localités le portent plus. Elles ont compris que c’est un tissu qu’on peut porter différemment. Il suffit d’avoir un bon couturier. Je gagne bien ma vie en vendant ce tissu. »
Pour toutes bourses
Dans la capitale malienne, voire ailleurs, beaucoup se souviennent encore du One man show en 2007, de l’animatrice et comédienne Oumou Diarra, qui incarne « Suraka muso Laley », la femme maure. Plus que le spectacle, le dampé de Laley a aussi marqué les esprits. Dans une interview, elle a d’ailleurs expliqué que pour doter une femme maure, en plus du thé et du sucre, il faut envoyer le « dampé ou voile ».
Aujourd’hui, elles sont nombreuses les femmes qui ont succombé à ce tissu. Pour un mariage, un rendez-vous entre amoureux, un dîner de gala, le dampé est porté partout. Les vendeurs du tissu mettent à la disposition des femmes plusieurs qualités, selon les bourses. Contrairement aux pagnes wax, bazin et autres, le dampé coute moins cher. Son prix varie entre 2 500 à 10 000 francs CFA.
Les femmes le portent à merveille, mais très souvent de différentes façons. Ce tissu, qui était reconnu par son unique façon d’être enfilé, est fait aujourd’hui en robes, pantalons, jupes taille basse et même des mélanges avec d’autres tissus. Depuis un bon moment, certains couturiers en ont fait leur tissu de prédilection.
Tissu culturel
Pour Hawoye, ressortissante de Tombouctou, le dampé fait presque partie de la culture de sa ville : « Les femmes sonrhaïs portent ce tissu à toutes les occasions. Nous l’adorons parce qu’il est léger. Nous n’aimons pas les habits trop serrés. Le dampé couvre entièrement ton corps. »
Dans le souci de changer de style, donner plus de couleurs à leur garde-robe, les femmes gagneraient à se tourner vers le dampé, qui protège à la fois de la chaleur et du froid. A charge pour elles de choisir la coupe qui leur convient. Le dampé a désormais une place dans votre garde-robe. Et je pense que les acteurs de la mode devraient penser à davantage mettre en vedette ce tissu notamment lors des défilés.