La dégradation des conditions sécuritaires, dans le centre du pays, a poussé de milliers de personnes à quitter leurs domiciles pour d’autres contrées. Hamadi, 10 ans, fait partie de ces enfants déplacés internes. Son seul rêve : être médecin ou rien.
Hamadi, 10 ans, a fui la violence dans son village, fin 2018, laissant derrière lui amis et école. L’adolescent était en classe de 4e à l’école publique de Dioungani, à Koro, lorsqu’il quittait son village avec sa mère, non-voyante.
Alors que Hamadi n’avait que 8 ans, sa mère, Inna, avait brusquement perdu la vue. Le sort est implacable contre le garçon : quelques mois plus tard, son géniteur marche sur une mine anti-personnelle pendant qu’il faisait paître ses animaux. Le père du jeune Hamadi y perd la vie sur le coup.
Rien à se mettre sous la dent
Pour ne pas en rajouter au supplice du petit Hamadi, Inna décide de lui cacher la mort de son père. Au début, Inna ne voulait pas venir à Koro. Elle a finalement accepté de prendre le risque pour son enfant afin de lui permettre de continuer à aller à l’école. « Une amie m’a confié à une cousine de ses cousines à plaisanterie du nom de Suzanne, une femme généreuse, qui nous a accueillis les bras ouverts », confie Inna qui s’estime chanceuse.
La plupart des déplacés se trouvent confrontés à un problème de logement. Certains vivent sous des tentes et n’ont rien à se mettre sous la dent. Selon les données issues de la matrice de suivi des déplacements, plus 350 000 déplacés internes sont enregistrés au Mali en décembre 2021.
Une valeur sûre
A Koro, Hamadi a eu la chance de tomber sur l’un de ses anciens instituteurs, M. Ongoïba, réaffecté à Koro à cause de l’insécurité qui a entrainé la fermeture de plusieurs écoles dans les régions du centre. L’enseignant a aidé le jeune Hamadi pour qu’il soit inscrit à l’école publique Siaka Dama B de Koro. « Il a toujours été un élève intelligent et assidu. S’il bénéficie du soutien nécessaire, il sera une valeur sûre du pays », témoigne M. Ongoïba.
Il faut, par ailleurs, souligner que les conditions de réinscription sont très complexes. La plupart des enfants déplacés n’ont pas d’acte de naissance. Selon le directeur de l’école Siaka Dama B de Koro, M. Togo, ils sont ravis d’accueillir ces enfants, « mais il va falloir trouver une solution rapide au problème d’acte de naissance ».
En attendant, le petit Hamadi continue d’aller à l’école. Il rêve de devenir médecin après ses études.