Bamako la capitale du Mali, fait face à une insalubrité chronique. En cette période hivernale, la « ville des trois caïmans » étouffe sous le poids des ordures. Le blogueur Dramane Maiga appelle à une prise de conscience collective.
À la différence de certaines grandes villes de la sous-région ouest-africaine, Bamako, la capitale du Mali, gère mal ses déchets tant liquides que solides. Il est difficile de s’y promener sans traverser des tas d’ordures ou des eaux usées. Parfois, au milieu de la route. Des marchés aux sites universitaires, en passant par les quartiers d’habitation, partout l’insalubrité règne en maître.
Certains citoyens accusent les autorités de manquer d’initiatives en matière d’assainissement. Alors que l’incivisme de la population est décrié par d’autres. Pendant que les dépôts de transit débordent de déchets, des citadins s’adonnent à des pratiques insalubres, qui dégradent l’environnement et menacent la santé publique.
« La montagne a fini par accoucher d’une souris »
D’abord, il faut comprendre que les déchets domestiques, notamment les sachets et bouteilles, sont les principales sources de pollution. Partout, dans les rues, les canaux d’évacuation des eaux de pluie, et même dans le fleuve, les plastiques pullulent. Bien que quelques rares poubelles soient visibles dans certaines rues, elles ne sont pas pourtant propres.
Dans l’ensemble, l’assainissement ne figure pas parmi les premiers soucis des populations. Ainsi, aux emballages jetés par les passants s’ajoute le débordement des poubelles servant de nid aux mouches et moustiques. « Les poubelles ne servent plus à rien. Elles sont souvent débordées. À quoi servent les services de nettoyage ? Chaque mois, nous payons 3 000 francs CFA pour leurs services », s’indigne Birama Traoré, un jeune bamakois pour qui l’arrivée d’Ozone Mali avait été un espoir. Mais, ajoute-t-il, « la montagne a fini par accoucher d’une souris ».
En cette saison pluvieuse, la situation est délicate. Il est triste de voir que certains profitent du ruissellement des eaux de pluie pour évacuer leurs déchets. Cependant, cette pratique persiste parce que beaucoup méconnaissent les dangers que cela engendre. Les déchets suivent les eaux, mais vont se réfugier dans le fleuve, dégradant ainsi la qualité de l’eau et mettant en danger la population. Aussi, ces déchets bloquent-ils les caniveaux et d’autres canaux d’évacuation provoquant des inondations.
Les autorités manquent-elles de stratégies ?
Malgré l’existence de politiques et programmes d’assainissement, le Mali reste confronté au problème d’insalubrité. La vraie question : est-ce que ces politiques répondent aux besoins d’assainissement du pays ? Je n’en suis pas sûr.
Tout comme le désordre au niveau des dépôts de transit, l’incapacité des autorités municipales et d’autres acteurs impliqués dans la gestion des déchets expliquent cette situation. Prenons le cas des dépôts de Faladié, Lafiabougou ou encore celui non loin du marché de Médine. Censés être de transit, ces dépôts sont devenus le cauchemar des familles avoisinantes. L’odeur nauséabonde rend l’air insupportable et expose les riverains à plusieurs types de maladies.
« Si ces déchets sont dégagés, je serais très heureuse. Souvent, l’odeur est tellement que ça rend difficile la respiration. Presque chaque soir, je suis enrhumée, mais c’est difficile pour moi de changer de place parce que mes clients me trouvent là depuis des années », témoigne une vendeuse.
Il est donc important que chacun joue sa partition dans la propreté de la ville. Pour rendre la capitale propre, il faut que les municipalités et les autres acteurs conjuguent leurs efforts et coordonnent les actions. C’est ensemble que nous ferons de Bamako une ville coquette.
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