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Fausses informations : manipuler les masses pour s’enrichir

Chantage, fausses informations, messages de haine diffusés sur des sites internet dupliqués ainsi que sur des faux comptes Facebook et des chaînes YouTube… La désinformation crée des tensions mais aussi génère de l’argent pour ses auteurs.

Qui sont les auteurs des fausses informations appelées plus souvent « infox » ? Quels intérêts ont-ils à diffuser des fausses informations ? Ce sont, entre autres, des questions que les lecteurs se posent souvent. Il y a plusieurs catégories d’individus derrière l’infox, parmi lesquels des promoteurs de site sans adresse physique qui n’ont d’autres buts que de se remplir les poches. Cela, à n’importe quel prix.

« Mon site a été dupliqué. La personne qui était derrière s’en prenait constamment aux autorités de transition et faisait croire que ça venait de nous. Nous avions pris du temps pour pouvoir récupérer notre site et cela nous a causé des pertes de contrat de prestation », se plaint Modibo Fofana, qui dirige le site Mali24. Comme lui, plusieurs autres promoteurs de médias en ligne ont été victimes des mêmes pratiques.

Résident hors du Mali, l’individu soupçonné d’être derrière ces agissements a pris goût à dupliquer les sites d’informations connus du grand public pour, ensuite, diffuser de faux contenus et se faire de l’argent à travers les publicités Google, YouTube en plus d’autres méthodes peu orthodoxes.

Conséquence : la crédibilité des sites victimes prend un coup, car les lecteurs sont souvent assez peu vigilants pour faire la différence tant les noms du vrai et faux site se ressemblent. Pire encore, parfois les victimes de chantage ou de fausses informations portent plainte contre les responsables de médias connus et formellement identifiés alors qu’ils n’y sont pour rien.

Beaucoup d’audience, plus de publicités payantes

« J’en ai été victime plusieurs fois, et ça continue toujours. Notre site c’est maliweb.net. Puisqu’il est assez connu, un individu a créé MaliWeb.com et MaliWeb.org. Nous n’arrivons pas à mettre la main sur la personne. Il reprend nos articles sur leurs faux sites et lorsque les lecteurs tapent Maliweb, ça les ramène directement sur le site double créé juste avec une différence du nom de domaine », raconte Madou Diarra, responsable du site maliweb.net.

L’auteur de cette pratique obtient ainsi beaucoup d’audience, plus de publicités payantes, et sur YouTube de nombreuses vues qui lui font gagner de l’argent. « Nos différentes sources interrogées ont tous indexé le propriétaire du site Bamada.net. Un malien résidant à l’extérieur, qui clone des sites, reprend les contenus visuels et écrits sans donner la source. Bamada est le 3eme site le plus référencé au Mali, il a une large audience et cela signifie beaucoup de contrats publicitaires », déclare Modibo Fofana, le président de l’Appel-Mali.

Les plaintes n’ayant jusque-là pas abouti, le président Modibo Fofana multiplie des initiatives pour assainir le web-espace malien. « Nous misons énormément sur la formation et la sensibilisation des acteurs des médias en ligne. Et, personnellement, j’essaie également de faire changer d’avis les coupables connus afin qu’ils puissent regagner la bonne voie. Mais j’avoue que ce n’est pas facile, car ce sont de grands spécialistes en informatique qui y gagnent beaucoup d’argent », affirme-t-il.

Infox et crise

Outre les sites, les réseaux sociaux sont de grands canaux de désinformation. Les réseaux sociaux sont devenus des moyens incontournables de communication, d’information et de divertissement dans notre pays. Selon le dernier rapport de l’ONG We Are Social, plus de 12 millions de Maliens sont sur Internet.

Des chiffres que l’on retrouve dans une autre étude d’Internet Society Mali (ISOC Mali), publiée en aout 2020. Cette étude indique que WhatsApp, Facebook et YouTube sont les trois réseaux les plus utilisés par les internautes maliens. La manipulation gagne du terrain, car les réseaux sociaux comme WhatsApp sont très faciles d’accès pour l’ensemble de la population, de tous bords et de toutes les localités.

Selon nos constats, une grande partie des fausses informations circulent sur le réseau social WhatsApp. « Après le début de la crise sécuritaire dans les régions du centre du pays, toutes les communautés ont créé leur groupe sur lequel ils envoient des images, des sons, des vidéos et des petits textes, pour la plupart hors contexte, fabriqués ou manipulés. », nous rapporte Mahamoud Bocoum, directeur de la radio Kaoural de Sévaré.

Ce qu’il faut savoir également, c’est que ceux qui aident à amplifier ces informations sont aussi des victimes. Le constat est que derrière tout acte de désinformation, il y a un jeu de manipulation de masse dans l’intérêt sordide de se faire de l’argent et de jouir de quelques retombées peu orthodoxes.

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