L’examen sanctionnant la fin des études du premier cycle de l’enseignement fondamental a été supprimé au Mali. Face à la « baisse du niveau » généralisée des élèves, des voix réclament de plus en plus le rétablissement du Certificat d’études primaires (CEP).
Le Certificat de fin d’études du premier cycle de l’enseignement fondamental (CFEPCEF), aussi appelé Certificat d’études primaires (CEP), a été supprimé. La réussite à cet examen prouvait l’aptitude des élèves à poursuivre leur cursus vers le cycle suivant. Un échec entrainait un redoublement de classe pour mieux apprendre et mériter d’accéder à l’étape suivante.
Cet examen permettait de faire un tri entre ceux qui démontraient les aptitudes de base, et ceux qui devaient mieux se ressourcer encore pour prétendre poursuivre leurs études. A cause de la suppression du CEP, nous nous retrouvons avec des élèves sans le minimum de niveau de base dans le cycle de l’enseignement secondaire.
Restructuration de l’enseignement fondamental
Pour Oumar Bagayoko, enseignant du premier cycle de l’enseignement fondamental à la retraite, la suppression de l’examen du CEP trouve ses origines dans le Programme décennal pour l’éducation (PRODEC I). Ce document de référence et d’orientation, en matière d’éducation, avait formulé la restructuration de l’enseignement fondamental en un bloc unique de neuf ans. Le système du bloc séparé de six premières années d’études a été jugé insuffisant pour garantir aux apprenants la possibilité de s’insérer dans la vie active. Le sexagénaire ajoute aussi que le Forum national sur l’éducation, tenu en 2008, a également servi d’occasion pour s’interroger sur la pertinence de l’examen du CEP.
La décision de supprimer cet examen, en 2010, visait notamment à arrimer notre diplôme de fin de cycle d’études fondamentales à ceux des autres pays de la sous-région. Pourtant, l’examen du CEP n’entachait en rien la tenue de l’examen du Diplôme de fin d’études fondamentales (DEF). Le CEP était un système propre à nous, qui pouvait d’ailleurs permettre de garantir une certaine qualité de niveau chez les candidats au DEF. Ce qui pouvait octroyer plus de crédibilité à nos diplômés du DEF, qui avaient réussi à passer par un premier filtre.
Pour M. Bagayogo, la suppression du CEP constitue l’une des premières erreurs commises dans les reformes éducatives opérées. « Les programmes du second cycle de l’enseignement fondamental sont bien différents de ceux du premier cycle, explique-t-il. Les nouvelles notions enseignées immergent l’apprenant dans un nouveau milieu. Il est, dès lors, inadmissible de laisser passer des apprenants d’un cycle à l’autre sans procéder à une véritable évaluation. »
Banalisation dans l’organisation
L’examen du CEP a été remplacé par le système d’évaluation à l’interne, qui procède par un ajout des différentes notes mensuelles et trimestrielles obtenues par l’apprenant pour obtenir une moyenne annuelle de passage. « Il faut aller dans les écoles privées pour savoir ce qu’on réserve à un tel système. L’essentiel est que les élèves soient à jour dans le paiement de leurs frais de scolarité ; leurs notes sont falsifiées et gonflées pour les faire passer, coûte que coûte, à la classe supérieure », se désole M. Bagayogo.
Selon M. Bagayogo, la banalisation dans l’organisation de cet examen a réussi à faire croire aux autorités que son maintien ou sa suppression n’avait aucun impact sur le flux de passage des élèves au niveau de ce cycle. « Si le sérieux et la rigueur étaient de mise, les résultats positifs seraient probants et constatables par tous », assure-t-il.
Le débat refait surface en tous cas et les voix autorisées doivent réfléchir sur la pertinence de cet examen, face à l’état actuel de notre qualité d’enseignement.