OùEstMonÉtat – DEF : taux de réussite élevé, niveau toujours bas
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OùEstMonÉtat – DEF : taux de réussite élevé, niveau toujours bas

L’intérêt d’un examen se trouve dans sa capacité à jauger le niveau d’apprentissage des élèves à une étape de leur cursus scolaire. Les meilleurs passent à l’étape supérieure, les moins bons sont retenus afin de gagner en aptitudes pour mériter d’accéder à la phase suivante. Au Mali, l’examen du Diplôme d’études fondamentales (DEF) ne répond plus à ce principe pédagogique.

Avec des taux de réussite « satisfaisants » au niveau national, avoisinant les 60 à 70% chaque année (69,28$ pour cette année 2021), l’on croirait que le niveau des apprenants maliens ne cesse de grimper. Des établissements d’enseignement se targuent d’avoir engrangé un taux de réussite de 100% aux examens de fin d’études fondamentales. Au-delà de ces chiffres spectaculaires, la réalité désole.

Le Diplôme d’études fondamentales n’a plus de valeur. Car tous les moyens sont mis en place pour mettre à l’aise le candidat lors de l’examen : fuite massive des sujets ; achat et traitement des sujets par des responsables d’établissements d’enseignement pour leurs élèves ; indulgence du personnel de surveillance dans les centres d’examen, etc.

Un garde-fou de notre système scolaire se rompt devant tous, et nous vivrons tous ses conséquences d’une manière ou d’une autre. J’en veux pour preuve des discussions que j’ai personnellement eues avec plusieurs admis de cette année 2021, qui ne reflètent pas du tout leur niveau.

Le politique en cause

Il est vrai que dans un État, tout relève du politique. Dans notre pays, ce qui est politisé tombe en état de déconfiture totale. Tel est le cas de l’Éducation nationale malienne. Pour gagner un soutien populaire des Maliens à l’approche des élections ou pour satisfaire des partenaires financiers internationaux en essayant de démontrer que notre système éducatif est efficace, nos autorités badinent avec l’examen du DEF.

Tous les efforts sont mis à profit pour crédibiliser les examens du baccalauréat. Mais personne n’a cure des examens de fin d’études fondamentales. Il apparaît qu’on semble vouloir faire acheminer tous nos apprenants du cycle d’enseignement fondamental, peu importe le niveau, pour ensuite briser leur élan au niveau secondaire. Car il est clair qu’ils ne pourraient aller au-delà avec leur faible niveau.

Soubassement

Ce n’est sans doute pas pour rien qu’au Mali, contrairement aux autres pays de la sous-région, on parle de cycle d’ « enseignement fondamental » plutôt que de cycle primaire. Parce que ce cycle est le fondement, la base. C’est le soubassement sur lequel se bâtira le reste du cursus scolaire. Et voir qu’au lieu de promouvoir la qualité à ce stade, en ne laissant passer que les apprenants aptes à évoluer dans le cycle suivant, on se permet plutôt de rompre la barrière et permettre quasiment à tous – sans égard pour le niveau– d’accéder au cycle de l’enseignement secondaire. On osera se plaindre plus tard de la qualité de nos produits scolaires !

L’on souffrira davantage à pouvoir orienter tous ces apprenants dans des établissements d’accueil, et une fois cela fait, à pouvoir leur garantir de meilleures conditions d’études. Des effectifs pléthoriques pour moins d’enseignants et moins de classes. Pourtant, l’on exige de ces mêmes enseignants de garantir de bons résultats pour leurs apprenants. De qui se moque-t-on ?

Des milliards de nos francs sont injectés chaque année dans les examens qui, au final, sont bâclés. A croire que tout est fait dans ce pays pour mettre l’éducation à terre !

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