Comme dans de nombreuses localités du Mali, nombre de jeunes se tournent vers les sites d’orpaillage artisanaux à Selingué. C’est le dernier recours vers l’espoir.
Sélingué est une localité située à 140 Km de Bamako. C’est une destination privilégiée des habitants de la capitale ou des expatriés pour se reposer, passer des week-ends et prendre du bon temps.
Très connu pour son barrage hydro-électrique et son festival, qui était un véritable rendez-vous culturel avant son arrêt, ce petit coin de paradis pour les visiteurs ou vacanciers n’en est pas un pour les habitants en général. Particulièrement pour les jeunes, qui ne voient pas leur avenir, du fait qu’il y a peu d’activités génératrices de revenus et moins de perspectives pour se construire.
A la recherche de l’or
Dans un tel environnement, partir pour ces jeunes est devenu une nécessité. La seule alternative qui s’offre à ceux qui restent est de prendre d’assaut les sites d’orpaillage à la recherche de l’or.
Dans la zone, il y a cinq sites : Forokou, Farabakoura, Bokoro, Nyéweleni et Kobada. « Je vois ces jeunes regagner les sites d’orpaillage au quotidien. Je les comprends tellement. Il n’y a rien d’autres à faire ici. Certains reviennent avec beaucoup d’argent, construisent et aident leurs familles. D’autres reviennent bredouille, sans rien du tout. A chacun sa chance », explique Simbo, travailleur à l’Hôtel club de Sélingué. Ousmane, actuellement boutiquier à Sélingué, fait partie de ceux à qui l’expérience sur les sites d’orpaillage n’a pas profité : « J’ai fait plus d’une année sur un des sites avec plusieurs de mes amis. Nous sommes partis avec l’espoir de devenir riches. Les jours sur le site étaient très difficiles, nous vivions dans de mauvaises conditions et n’avions que des pelles, des haches et des bidons pour creuser le sol. », témoigne-t-il.
La qualité de la nourriture qu’ils mangeaient, poursuit-il, laissait à désirer. Mais ils continuaient à y aller. « Chaque jour, on se disait que le lendemain serait notre tour, car nous voyions des gens auprès de nous qui trouvaient de l’or. On prenait toutes sortes de produits qui nous permettaient de tenir toute la journée sans être fatigués. Nous avions longuement cherché mais sans succès », dit-t-il d’un air malheureux.
Un éternel recommencement
Plusieurs de ces jeunes sur ces sites sont diplômés des grandes écoles et universités de la capitale. Après avoir fini les études, ils cherchent en vain un travail sans succès. Il n’y a que quelques organisations et projets qui viennent à Sélingué. Et ceux-ci n’embauchent que très peu de personnes malgré la forte demande.
« Les jeunes se sentent oubliés par l’État malien. Étudier, pour certains plus de 20 ans, et finalement se retrouver sans travail dans leur propre pays, c’est désolant, » explique un habitant de Sélingué, préoccupé par la question.
Nombre de ces jeunes, sur les sites, trouvent de l’or mais gaspillent l’argent qu’ils gagnent. Non habitués à avoir de si grosses sommes, ils gèrent mal pour finalement se retrouver sur la paille et se voir obligés de retourner encore sur ces sites. Une sorte d’éternel recommencement.
La question de l’orpaillage artisanale au Mali devient un véritable problème sur lequel le gouvernement doit encore plus se pencher. Les sites accueillent de plus en plus de jeunes, qui voient cette activité comme l’ultime recours pour réussir. Les dangers sont pourtant énormes et les morts, suite aux écroulements de terre, sont récurrents.
Très intéressant. Le désespoir des jeunes maliens est abyssal. Depuis « l’indépendance », le niveau de bien être, bonheur, culture, pour moi BBC est passé de 6 à 3.
Qui s’occupe de l’éducation et de la morale des jeunes? Où sont-ils tous ceux qui leur ont mis des mirages dans les yeux.
Arrêtez de penser à la Sape, aux Bagnoles, aux filles maquillées comme des voitures volées… Le bonheur n’est pas immédiat, il se cultive avec les notions de travail, persévérance, respect, honneur.