Réseaux sociaux : la monétisation des contenus, une arme à double tranchant
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Réseaux sociaux : la monétisation des contenus, une arme à double tranchant

Si elles ont offert de nouvelles opportunités, les politiques de monétisation des contenus des plateformes (Facebook et TikTok) posent aussi d’énormes défis, y compris en lien avec la désinformation.

Le 19 juillet 2023, vers 23heures, un accident mortel s’est produit sur le pont Fahd, le deuxième de Bamako. Alors que les secouristes n’avaient pas encore fini leur travail, et que des corps gisaient encore sur le sol, une page Facebook a fait un live. Quelques jours plus tard, la page se vantait d’avoir eu plus d’1 million de vues sur cette vidéo. Un argument de vente chez les annonciateurs.

Les réseaux sociaux Facebook et TikTok offrent des opportunités de gagner de l’argent grâce à la publicité, aux partenariats avec des marques et aux dons de fans. Cependant, cette monétisation peut inciter certains acteurs à privilégier des contenus sensationnels et la désinformation pour attirer un public plus large.

Nouvelles opportunités et défis

Le lien entre la monétisation des contenus et la propagation des fausses nouvelles est évident, selon Lassina Niangaly, journaliste à Le Jalon. « Pour avoir beaucoup d’argent, les créateurs de contenus ont besoin d’un nombre élevé de vues. Et malheureusement, les fausses informations attirent plus les internautes par rapport aux informations vérifiées », explique-t-il.

Les réseaux sociaux ont révolutionné la manière dont nous accédons à l’information, permettant à chacun de s’exprimer et de partager des contenus avec le monde. Cette liberté d’expression a également ouvert la porte à de nouvelles opportunités, mais aussi à des défis.

La monétisation des contenus peut prendre plusieurs formes. Cependant, les méthodes les plus courantes au Mali vont de la publicité aux dons. Les plateformes de médias sociaux offrent souvent des programmes publicitaires permettant aux créateurs de contenu de gagner de l’argent en affichant des publicités dans leurs vidéos, images ou articles. Les revenus publicitaires sont en général générés en fonction du nombre de vues, de clics ou d’engagements.

Certains réseaux sociaux permettent aux utilisateurs de faire des dons directement aux créateurs de contenus. Les dons peuvent être effectués pendant les diffusions en direct ou même sur des plateformes tierces comme l’application Patreon. Une application qui permet  aux créateurs de contenus de rester  en contact avec les membres de leur communauté.

Des « likes » à tout prix

Les créateurs de contenus sont prêts à tout pour atteindre leur objectif : attirer plus de followers. L’attention ou la popularité ainsi que l’engagement des utilisateurs deviennent alors des ressources précieuses. Dans ce contexte, la production de contenus sensationnels et souvent violents est favorisée. Car elle séduit davantage d’audience et génère plus de revenus publicitaires. Pas de place pour le professionnalisme, car « ça ne paye pas », disent-ils.

Au Mali, la création délibérée de fausses informations pour susciter des réactions émotionnelles et attirer l’attention du public est une pratique de plus en plus courante. « Certains promoteurs de pages Facebook ou de comptes TikTok au Mali font du chantage avec l’information pour avoir soit de l’argent ou augmenter leur audience », confirme Lassina Niangaly.

Il est important de souligner que les sites web médias qui ont de l’audience et qui bénéficient la monétisation font pour la plupart de la désinformation. « Nous avons eu à vérifier beaucoup de propos des animateurs de ces pages Facebook à forte audience et, malgré la diffusion des fausses informations, elles continuent à bénéficier de l’argent des plateformes », souligne Yacouba Dramé, vérificateur d’information et co-fondateur de Mopti-Check. M. Dramé propose, « d’associer les fact-checkeurs locaux dans la lutte contre la désinformation sur les réseaux sociaux. Par exemple, Facebook peut mettre en sourdine les pages qui font de la désinformation en signalant les contenus et en interdisant ces pages d’être monétisées ».

Pour Lassina Niangaly, la solution se trouve à deux niveaux : « Au niveau national, le gouvernement doit prendre des mesures pour mieux réglementer le secteur. Les entreprises de ses réseaux sociaux (TikTok) doivent retravailler leurs algorithmes pour les rendre plus efficaces et mieux filtrer les fausses informations parfois produites et diffusées en langues locales ».

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