Humeur : profession « direct-eur » ou faiseur de direct sur les réseaux sociaux ?
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Humeur : profession « direct-eur » ou faiseur de direct sur les réseaux sociaux ?

S’il y a une prouesse réussie par le défunt régime d’Ibrahim Boubacar Keïta, c’est bien celle concernant la création de 200 000 emplois au profit des jeunes. Aujourd’hui, à l’heure du bilan de sa gouvernance, force est de constater que de nombreux jeunes ont été insérés, notamment dans le métier très en vogue de « direct-eur ». Pour faire simple, il s’agit de faiseur de direct sur les réseaux sociaux.

En effet, à défaut de pouvoir créer des emplois décents pour les jeunes, l’ancien régime, par des pratiques peu orthodoxes, en a transformé des milliers en cyber-militants pour ou contre le régime, allant jusqu’à distribuer de l’argent, des voitures à certains pour discréditer certains opposants. Même si l’inverse aussi est souvent possible.

D’autres, parmi ces jeunes, sont devenus très influents avec une très grande communauté d’abonnés à leur page Facebook et ont accumulé de la richesse, à telle enseigne que certains journalistes se sont convertis, eux aussi, en « direct-eurs », tournant ainsi le dos à ce métier noble de journaliste.

Moutons de Panurge

Mais faut-il leur en vouloir ? Pratiquer un métier, fusse-t-il noble, suffit-il pour payer le loyer ? Surtout quand on sait à combien les journalistes sont rémunérés au Mali.

Aujourd’hui, après le départ d’IBK, la distraction continue. Car, il faut le dire, le métier de « direct-eur » n’est point un emploi mais plutôt une activité de distraction nationale. Ainsi, certains se sont reconvertis en soutien des « colonels » et d’autres sont restés fidèles aux opposants tellement aguerris qu’on pourrait également les élever au rang de « colonels ».

A coup de posts accusateurs et/ou défenseurs, ils tiennent en haleine l’opinion publique. Ils sont désormais maîtres, ils le savent. Ils imposent leur agenda quand ils veulent et nous autres les suivons comme des moutons de Panurge.

Pourtant, la sortie de crise ne sera pas « streamisée ». La vérité ne saurait se mesurer à l’aune des « like » et du populisme.

Guerre entre les jeunes

Les décideurs, au lieu d’instrumentaliser une poignée de jeunes pour faire de la propagande autour de leur personne, devraient plutôt privilégier la création de véritables conditions pour l’épanouissement des jeunes.

Le carburant de la crise que nous vivons actuellement est la précarité de la jeunesse. Au-delà de la situation de guerre contre le « terrorisme », il y a en réalité une guerre entre les jeunes maliens. Ceux des zones sous le contrôle gouvernemental, faute pour certains de débouché professionnel, se tournent vers l’armée et ceux des zones sous contrôle des groupes qualifiés de terroriste, vu leur précarité, se tournent vers leurs bourreaux qui leur promettent monts et merveilles.

Pendant ce temps, l’industrie est en déclin. Le Mali compte un grand nombre d’entreprises que je considère plutôt comme des unités industrielles dont les plus importantes sont agonisantes (Comatex, CMDT, etc.).

Comment créer de la richesse quand on n’est pas, plus de 60 ans après l’indépendance, à même de transformer ne serait-ce que 30% de ses matières premières.

Il faut travailler à créer de véritables entreprises pour insérer les jeunes en dehors des boucans autour de vous sur les réseaux sociaux. Les résultats de vos efforts seront les meilleures techniques de propagande plutôt que d’éjecter de l’argent public dans de la poudre de perlimpinpin. Car la victoire ne sera pas « streamisée ». Elle ne peut se faire que par le travail.

C’est de cela qu’il s’agit !


Les opinions exprimées dans cet article ne sont pas forcément celles de Benbere

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Les commentaires récents (1)

  1. La question est que :
    Faut-il continuer à qualifier le travail ces jeunes activistes de la distraction ? Et pourtant, nous constatons tous qu’ils entraînent de remplir ou travailler dans un espace qui était presque vite c’est à dire le terrain et donner l’information en temps réel sur un espace accessible à tous. Les citoyens manquent des informations et ils ne sont pas forcément bien informés par les médias formels. Le journalisme est mis en question ? Les journalistes ont ils peurs de perdre leurs places ?
    Par contre, et je pense qu’il faut intéresser, appeler et récupérer ces jeunes pour les formés afin qu’ils puissent bien être utiles et informer les citoyens. La question de diplôme et savoir bien parler français reviennent aussi souvent mais pas vraiment